Télétravail : retour à l’anormal… en pire16/06/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/06/2759.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Télétravail : retour à l’anormal… en pire

Avec la nouvelle étape du déconfinement intervenue le 9 juin, le retour en entreprise d’une partie des salariés en télétravail a été rendu possible selon de nouveaux protocoles. Le Medef s’est bien sûr offusqué des quelques limites encore posées à la toute-puissance des patrons, et a réclamé « un maximum de souplesse et d’adaptabilité en fonction des activités de l’entreprise ».

Si les patrons ne se sont jamais souciés de respecter les injonctions sanitaires, comme la distance de un mètre entre deux travailleurs, ils ont su exploiter l’opportunité offerte par l’épidémie pour expérimenter de nouveaux modes d’organisation, comme le télétravail. Aujourd’hui, cette forme d’exploitation, où le salarié n’est présent dans les locaux de l’entreprise qu’un ou deux jours par semaine, au bon vouloir de son employeur, risque de devenir la règle dans bien des entreprises.

Le télétravail imposé pour des raisons sanitaires a permis aux employeurs de s’affranchir de l’obligation de fournir aux salariés leur outil de travail en les contraignant à utiliser leur propre matériel informatique. Les compensations accordées par les accords d’entreprise ont été dérisoires, 150 euros chez PSA par exemple. Ils ont aussi pu imposer le travail à la tâche, obligeant les télétravailleurs à faire tout ce qui leur était demandé par Internet, quitte à dépasser les horaires légaux. La généralisation du télétravail, une fois l’épidémie passée, permettrait en outre aux employeurs de se débarrasser de bureaux, d’économiser sur le personnel de ménage, où d’en finir avec les cantines d’entreprises, autant de mesures se traduisant par des suppressions d’emplois dans ces secteurs.

Certaines grandes entreprises avaient déjà avancé dans cette voie avant l’épidémie. Le Covid aura été pour elles l’occasion d’aller plus loin. Les directeurs des ressources humaines sont à la manœuvre pour doser le nombre de jours où il faudra faire travailler les salariés à domicile et celui où ils devront venir au bureau, c’est-à-dire l’équilibre entre les économies à réaliser et la nécessité de maintenir malgré tout une pression directe de la hiérarchie. Ce qu’ils prévoient est synonyme d’aggravation des conditions de travail chez soi comme dans l’entreprise avec des espaces de bureaux réduits au minimum où il faut entrer en concurrence avec les collègues pour avoir une place.

C’est cela que le Medef entend par « maximum de souplesse ».

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