Dans les entreprises

Renault – Flins : mobilisation contre les plans du patron

Depuis début juin, à l’usine Renault de Flins dans les Yvelines, de nombreux travailleurs sont passés de l’inquiétude à l’envie de se mobiliser contre les projets de la direction et ont décidé de se réunir et de débrayer.

Dans cette usine de 4 300 travailleurs, dont la moitié de précaires, intérimaires, sous-traitants, prestataires, on ne produira plus de véhicules.

Cela fait des mois que la direction générale prétend qu’elle reclassera tout le monde, mais elle ne prend en considération que les embauchés et, même avec ses propres chiffres, l’usine perdrait 1 500 emplois en face de la création hypothétique de quelques centaines de postes dans des activités diverses, comme la remise à l’état neuf de véhicules.

Mercredi 2 juin, dès l’équipe du matin, des travailleurs des Presses, de la Tôlerie, de Peinture, dont certains avaient déjà discuté la veille de ce qu’ils pouvaient faire, ont fait le tour des secteurs de l’usine. Multipliant prises de parole et discussions, ils se sont retrouvés à 150. Une bonne partie a attendu l’équipe d’après-midi : de nouveaux grévistes ont remplacé ceux qui étaient rentrés chez eux avant que l’équipe de nuit ne prenne la suite. Le lendemain, dès la prise d’équipe, une assemblée de plus d’une centaine de travailleurs a décidé d’élire un comité d’organisation de la grève et de distribuer le lendemain, vendredi 4 juin, un tract exigeant des garanties de maintien des emplois et des salaires, aucun travailleur ne devant perdre son revenu, quel que soit l’avenir de l’usine. Cela fait, ils ont prévu un nouveau rendez-vous le lundi suivant.

Du côté de la direction, la réponse est le silence radio. Elle a seulement envoyé ses chefs dire pour la énième fois que l’usine ne fermera pas. Elle envisagerait même d’ajouter aux activités déjà évoquées une fabrication de piles à hydrogène, qui compterait « dans un premier temps » moins d’une dizaine d’emplois ! Tout cela pour un secteur voué à disparaître, le Montage, qui compte aujourd’hui près d’un millier de travailleurs. Pour le reste, elle a laissé son syndicat préféré, la CFDT, institué syndicat-maison, propager la bonne parole par tract contre ceux qui « organisent la désinformation et attisent les peurs ».

Renault attaque tous azimuts : 15 000 emplois vont disparaître dans le monde, dont 4 600 en France. Tous les sites sont touchés, soit par des fermetures comme ceux de Choisy ou des fonderies, soit par des suppressions d’emplois, massives parfois, comme les 2 500 prévues à l’ingénierie. Des travailleurs ont déjà réagi : ceux des fonderies ou des centres techniques, à Lardy par exemple.

À Flins, ces derniers jours ont changé l’ambiance et, même si les travailleurs savent que la lutte demandera des efforts et sans doute du temps, son organisation est en route.

Partager