Dans le monde

Canada : un charnier d’enfants découvert

La découverte, dans la province de Colombie-Britannique, des restes de 215 enfants, très probablement amérindiens, a secoué le Canada.

C’est à Kamloops, ville des Rocheuses, sur le site qui abritait autrefois une des 130 écoles indiennes résidentielles, que cette macabre découverte vient d’être faite. Ce réseau « éducatif » a été créé en 1870 par le gouvernement canadien. La dernière école a fermé en 1996.

Ces pensionnats étaient destinés aux enfants des tribus amérindiennes qui peuplaient auparavant le Canada, des rives de l’océan Atlantique à celles du Pacifique et de l’Arctique. Le gouvernement prétendait leur offrir une éducation en les confiant à des congrégations chrétiennes. En fait, il les éloignait de leurs parents et de leur tribu, pour les couper de leur langue natale et de leur culture.

En 2015, une commission officielle avait enquêté sur les mauvais traitements subis par les enfants. Elle avait confirmé que 51 d’entre eux étaient morts dans l’école de Kamloops de 1914 à 1963. De son côté, la tribu Tk’emlúps te Secwépemc se doutait qu’il y avait eu bien plus de victimes et n’a pas cessé de les rechercher. Ce sont ces découvertes qui ont été rendues publiques le 27 mai. La commission avait identifié plus de 4 000 enfants morts dans ces écoles, indiquant que le chiffre pouvait atteindre 6 000. Son président avait même évoqué 15 000 victimes.

Pendant plus d’un siècle, l’État canadien n’a accordé que peu de moyens à ces pensionnats, où les enfants avaient faim et étaient punis s’ils parlaient leur langue natale. Les coups et les abus sexuels y étaient fréquents. Les plus jeunes des victimes avaient trois ans.

À l’annonce de la découverte du charnier de Kamloops, des tribus ont manifesté leur colère à travers le pays, jusqu’au Québec, éloigné de 4 000 kilomètres. En réaction, des gouverneurs de provinces canadiennes et des maires ont mis les drapeaux en berne et le Premier ministre, Justin Trudeau, a assuré les tribus qu’il « faisait ce qu’il fallait » pour apaiser leur souffrance. Mais les autorités canadiennes ne peuvent prétendre qu’elles ignoraient les conséquences de la politique raciste menée constamment par l’État, colonial puis indépendant. Dès 1909, un médecin avait envoyé au gouvernement un rapport où il s’alarmait du taux de mortalité très élevé dans ces écoles. Les mauvais traitements avaient continué, tout comme plus généralement l’oppression et la spoliation des tribus amérindiennes.

Les paroles attristées des autorités actuelles n’effaceront pas les crimes du passé.

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