Palestine-Israël : Les responsabilités de l’impérialisme19/05/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/05/2755.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Palestine-Israël : Les responsabilités de l’impérialisme

Depuis le début des bombardements israéliens sur Gaza, beaucoup de commentateurs se désolent devant la prétendue impuissance de la communauté internationale à mettre fin aux hostilités. En fait, il y a là un choix délibéré des grandes puissances, à commencer par les États-Unis, de laisser les mains libres aux dirigeants israéliens.

Les États-Unis se sont ainsi opposés à plusieurs reprises à l’adoption d’une déclaration du Conseil de sécurité de l’ONU, même pour appeler seulement à l’arrêt des violences. En se contentant de déclarer qu’Israël a le droit « de se défendre contre les attaques à la roquette du Hamas et d’autres groupes terroristes à Gaza », le président américain, Joe Biden, soutient le gouvernement israélien, s’inscrivant dans la continuité de la politique menée par tous ses prédécesseurs depuis des décennies. La prétendue paralysie des diplomaties américaine ou européenne témoigne en fait de leur complicité avec ceux qui bombardent et massacrent aujourd’hui les Palestiniens.

Au-delà de l’indifférence qu’ils affichent actuellement, les dirigeants des puissances impérialistes sont les principaux responsables de la situation inextricable qui oppose depuis près d’un siècle les populations juive et arabe. Car la permanence de ce conflit, et d’autres, leur permet de mieux asseoir leur domination sur cette région stratégique à leurs yeux.

Inaugurant cette politique lors de la Première Guerre mondiale, le Royaume-Uni promit la création d’un grand royaume arabe à des tribus bédouines d’Arabie dont il recherchait le soutien militaire contre la puissance ottomane, qui contrôlait alors l’essentiel du Moyen-Orient. Dans le même temps, en novembre 1917, par une célèbre déclaration auquel il donna son nom, le ministre britannique des Affaires étrangères, lord Balfour, promit au mouvement sioniste d’appuyer la création d’un foyer national juif en Palestine. Recherchant le patronage d’une puissance impérialiste pour parvenir à s’établir contre la volonté des populations arabes locales, ce mouvement nationaliste juif se proposait donc dans un premier temps de se faire l’auxiliaire de la puissance coloniale britannique. Aucune des promesses faites aux uns et aux autres ne fut vraiment tenue : en prétendant jouer le rôle d’arbitre entre les Juifs et les Arabes dont il avait aiguisé les oppositions, le Royaume-Uni prit surtout le contrôle des territoires concernés.

Jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, l’écrasante majorité des Juifs de la diaspora ne se reconnaissaient cependant pas dans le mouvement sioniste et sa revendication d’un État juif. Mais la victoire du nazisme en Allemagne entraîna la déportation massive des Juifs, avec bien souvent l’aide active des polices des États occupés, comme ce fut le cas en France, et l’extermination de six millions d’entre eux, poussant bien des Juifs survivants à fuir l’Europe, en rejoignant les organisations sionistes. C’est ce qui permit à celles-ci d’imposer la création de l’État d’Israël à la fois à l’impérialisme britannique et à 700 000 Palestiniens qu’elles contraignirent à l’exode. Les camps de réfugiés mis alors en place par l’ONU continuent encore aujourd’hui d’accueillir une grande partie du peuple palestinien.

Le soutien inconditionnel aux gouvernements israéliens a permis aux États-Unis de disposer d’un allié privilégié qui dépendait d’eux pour son existence, sur le plan économique et militaire. Dans une région où les États arabes devaient souvent faire face à la contestation populaire, l’État israélien offrait des garanties de stabilité, car il pouvait mobiliser derrière lui sa population lors de chaque conflit militaire, en lui faisant croire qu’il en allait de sa survie. Par ses prises de position actuelles ou par son silence, Biden se montre le fidèle continuateur de cette politique.

Les populations juive et palestinienne en payent le prix, victimes à la fois de leurs dirigeants qui les conduisent dans l’impasse d’un conflit sans fin, et de ceux des puissances impérialistes, qui tirent profit de ces affrontements et de toutes les divisions du Moyen-Orient pour perpétuer leur domination sur cette région.

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