Travailleurs des restaurants : le patronat recherche ceux qu’il a licenciés11/05/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/05/2754.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Travailleurs des restaurants : le patronat recherche ceux qu’il a licenciés

Après plus de six mois de fermeture, le 19 mai, les restaurants et les bars pourront rouvrir leurs terrasses, s’ils en ont une. Et à partir du 9 juin, ils pourront de nouveau servir en salle.

Mais à en croire les porte-parole patronaux et gouvernementaux, la reprise du secteur pourrait être compromise… à cause de la pénurie de travailleurs.

Le secteur du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration a été un des secteurs très soutenus financièrement par l’État, mais ce ne sont pas les salariés qui en ont bénéficié. Évidemment, ce ne sont pas non plus les petits bars et restaurants des quartiers ouvriers qui ont reçu l’essentiel des aides. Pour eux, pendant des mois, l’aide de l’État s’est résumée à 1 500 euros mensuels. À partir du second confinement et pour empêcher qu’il y ait trop de faillites, l’État a augmenté ce montant, en fonction des pertes, jusqu’à un plafond de 10 000 euros mensuels. Mais c’était surtout un prétexte pour ouvrir cette subvention plus largement aux grosses chaînes de l’hôtellerie et de la restauration qui ont pu, elles, toucher par un autre calcul jusqu’à 200 000 euros par mois. Pour ces grandes entreprises du secteur, ce n’était qu’une aide financière de plus, venant s’ajouter aux prêts garantis par l’État et à bien d’autres subventions.

Quant aux salariés du secteur, seule une minorité a été payée par le dispositif du chômage partiel. Pour beaucoup de serveurs, de cuisiniers, de plongeurs ou de femmes de chambre dont le salaire réel est constitué en grande partie de pourboires ou est payé au noir, le montant du chômage partiel était dérisoire et impliquait une baisse de salaire importante. Ils ont donc dû trouver du travail ailleurs. Le « quoi qu’il en coûte » du gouvernement a donc surtout servi à subventionner les grosses chaînes en laissant sur le carreau la majorité des travailleurs.

Aujourd’hui, les organisations patronales du secteur et le gouvernement se plaignent, et voudraient que ces anciens salariés soient de nouveau disponibles au claquement de doigts. Mais leur économie capitaliste ne marche pas comme cela. Des dizaines de milliers de travailleurs ont dû changer de métier pour survivre. Quand on est travailleur, on n’a pas le choix. Et s’il y a là un gâchis de savoir-faire, c’est cette organisation économique aberrante et ceux qui en profitent qui en sont responsables.

Maintenir tous les emplois du secteur et les salaires réels de tous ces travailleurs, pour leur permettre de continuer à vivre dignement malgré le virus, aurait coûté infiniment moins cher à la société que les milliards d’euros de subventions à des chaînes capitalistes. Et cela aurait peut-être aussi permis à des petits restaurants de quartier de prendre en charge eux-mêmes la livraison de repas à domicile, sans passer par les Uber Eats et autres grands gagnants du secteur de la vente à emporter.

Partager