SNCF – Paris-Saint-Lazare : les conducteurs désormais seuls à bord11/05/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/05/2754.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF – Paris-Saint-Lazare : les conducteurs désormais seuls à bord

Sur la région SNCF de Paris Saint-Lazare, les trains de banlieue sont quasiment tous EAS (équipement agent seul, ce qui veut dire que le conducteur est seul à bord du train) depuis des décennies.

Seuls les trains allant jusqu’à Gisors, sur la ligne J, en Normandie, étaient encore accompagnés par un contrôleur. Sur ce trajet de près d’une heure et demie, avec de nombreux passages à niveau, traversant campagnes et forêt, le contrôleur était essentiel : chargé de donner le départ ; il devait informer les voyageurs, et s’assurer de la fermeture des portes en sécurité ; il était un appui essentiel pour le conducteur en cas de problèmes tels que les accidents à un passage à niveau, les heurts de gibier et autres problèmes matériels.

La direction de la SNCF vient pourtant de décider de supprimer les postes de la vingtaine de contrôleurs intervenant sur cette ligne. Elle a pris pour cela prétexte de l’arrivée des NAT (nouvelle automotrice Transilien), qui se généralisent un peu partout en Île-de-France. En réalité elle a bien sûr en tête l’approche des appels d’offres : la ligne J va être la première ouverte à la concurrence, dès 2023.

Pour exploiter la ligne en EAS, les conducteurs ont besoin de pouvoir, depuis leur siège, surveiller la montée et la descente des voyageurs. Il fallait donc investir. Obsédée par les coûts, la direction a choisi le moins cher : de simples miroirs en bout de quai.

Malgré les alertes des conducteurs depuis des mois, qui disaient sur tous les tons qu’on ne voyait absolument rien dans ces miroirs low-cost, la direction est passée en force. Pour elle, peu importe que ces miroirs soient inefficaces : les conducteurs n’ont qu’à se débrouiller en sortant de la cabine pour observer directement le train.

Les risques qu’une main ou un sac se retrouvent coincés dans une porte, ou qu’un voyageur chute entre le train et le quai sans que le conducteur le voie, sont donc sérieux : sur cette ligne, les brouillards sont fréquents et la visibilité souvent mauvaise.

Par ailleurs, les usagers vont se retrouver encore plus abandonnés : comme partout, la direction a supprimé de nombreux postes d’agents commerciaux ces dernières années et a même le projet de fermer plusieurs gares. Le contrôleur était souvent le seul cheminot avec qui ils pouvaient entrer facilement en contact pour obtenir des informations, ou même acheter un billet.

Une fois de plus, la direction choisit consciemment de faire des économies sur la sécurité des voyageurs, comme sur celle des cheminots.

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