Leur société

Mitterrand – Hollande : lourde hérédité

Le quarantième anniversaire de l’élection de Mitterrand a donné à François Hollande l’occasion de multiples tribunes.

De micro en micro, l’ancien président est allé célébrant les victoires électorales de la gauche, les réformes qui auraient selon lui changé la vie de millions de personnes, le bilan des gouvernements socialistes et, surtout, la conviction que tout est encore possible pour sa coterie politique à la prochaine élection présidentielle.

Manifestement le deuxième président socialiste de la Ve République est content de lui, serein quant au passé, optimiste pour l’avenir. Pourtant Hollande et ses amis politiques ont une responsabilité écrasante dans la situation présente. Les quarante années écoulées ont vu une croissance continue du chômage, une pression accrue sur les travailleurs, l’apparition de poches de misère dans les quartiers populaires. Cela s’est fait sous les yeux de la gauche, et sous sa responsabilité lorsqu’elle était aux affaires. Mais l’ex-président pérore tout de même aujourd’hui sur la protection qu’il aurait apportée aux travailleurs.

Le monde est ravagé par les guerres et les massacres, dans lesquels l’armée, l’industrie et la diplomatie françaises prennent leur part. Mais Hollande n’a rien à dire, même pas sur le génocide rwandais, où pourtant la responsabilité directe de Mitterrand a été écrasante.

Les préjugés réactionnaires et leurs expressions politiques ou religieuses se sont répandus dans les classes populaires, alors même que la gauche prétendument progressiste, généreuse et amie de la raison était au pouvoir. Chacun de ses épisodes gouvernementaux s’est finalement conclu par une progression lepéniste, et à chaque fois la gauche a masqué sa responsabilité. Hollande le fait encore aujourd’hui, alors même que son quinquennat s’est achevé par une série de déroutes électorales et plus de dix millions de voix pour Le Pen au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2017.

Pour finir, le successeur de Mitterrand prodigue à la gauche sa recette miracle pour qu’elle soit en état de gagner la prochaine présidentielle. Elle se résume à savoir trouver l’homme providentiel, et il n’est pas besoin d’avoir l’oreille bien fine pour comprendre que Hollande lui-même pourrait se considérer comme tel. Mentir sans frémir, servir le patronat sans mollir, faire le lit de la réaction puis, vêtu de probité candide et de lin blanc, redemander les suffrages populaires : Hollande est digne de son modèle.

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