Régionales : crocodiles dans le marigot05/05/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/05/2753.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Régionales : crocodiles dans le marigot

Après que Castex a annoncé en personne le retrait de la liste LREM aux élections régionales en PACA pour se rallier à celle du LR Renaud Muselier, sous le prétexte éculé de battre le RN, Les Républicains connaissent un petit séisme.

Cette affaire, qui concerne avant tout les politiciens de droite et les partis de la bourgeoisie, s’inscrit dans la suite de la recomposition politique lancée par Macron depuis 2017. Après avoir siphonné les électeurs et les cadres du PS pour accéder au pouvoir, Macron, dont le propre parti est peu implanté localement, n’a eu de cesse de réserver le même traitement à LR. Il a déjà nommé à des postes clés de son gouvernement des personnalités venues de LR, Philippe, Le Maire, Castex ou Darmanin et il en drague d’autres, dont le maire de Nice, Estrosi. Le président-candidat voudrait que la présidentielle de 2022 se résume à un duel Macron-Le Pen. Malgré sa politique antiouvrière et réactionnaire, il pourrait ainsi rallier tous ceux qui redoutent une victoire du RN. Les élections régionales lui servent pour cela de test et d’étape intermédiaire.

Sur presque tous les sujets, à commencer par le terrain économique et social et jusqu’au vocabulaire, les électeurs de droite peuvent se retrouver dans la politique de Macron. Pour se distinguer et pour gagner des voix toujours plus à droite, LR et LREM font de la surenchère sur le terrain de l’insécurité, de l’islamophobie, de la dénonciation de l’immigration. Cette course à l’échalote, qui répand des idées réactionnaires sur tous les plateaux télé mais surtout dans les consciences, renforce au fond le RN, qui a la primauté sur ce terrain et n’a jamais eu l’occasion de se discréditer en exerçant le pouvoir.

Les dirigeants de LR sont de plus en plus pris en tenaille entre Macron et Le Pen. Certains, comme Muselier ou Estrosi, voient dans leur ralliement à Macron la seule façon de conserver leurs postes. D’autres, comme Mariani, ont rejoint le RN. Chaque ralliement affaiblit les positions de l’écurie LR, ce qui explique les protestations qui en émanent. Mais les ténors de LR ne veulent pas insulter l’avenir et, comme leur espace politique se rétrécit, ils ont finalement maintenu leur investiture à Muselier sous réserve qu’il ne mette pas ouvertement de LREM sur sa liste. Tous attendent avec prudence de voir le résultat des régionales en PACA, mais aussi dans les régions que Wauquiez, Bertrand ou Pécresse espèrent transformer en rampes de lancement pour leur propre candidature.

Dans ce marigot, les travailleurs n’ont que des ennemis avérés, du RN qui cherche à se présenter en parti vierge loin des combinaisons, jusqu’à ceux, à droite comme à gauche, qui multiplient les manœuvres, au nom de l’unité, sous prétexte de faire barrage à Le Pen. Il ne leur reste que l’option d’utiliser, avec Lutte ouvrière, leur bulletin de vote pour exprimer le plus clairement possible leur intérêts de classe.

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