Dans les entreprises

Fonderies : aucun travailleur à la rue, maintien des salaires !

Les travailleurs de plusieurs fonderies du pays ont fait entendre leur colère devant les menaces dont ils font l’objet.

Et heureusement, car ce n’est pas leurs intérêts qui ont préoccupé la grappe de ministres réunis à Bercy le 26 avril avec les patrons du secteur automobile et fonderie.

Ces entreprises sont trop nombreuses, trop atomisées, incapables de se diversifier et de se moderniser, selon Bruno le Maire. Les 29 000 salariés, dont 13 500 travaillant pour le secteur automobile, devraient donc se considérer comme victimes d’une évolution du marché, en particulier de la forte baisse de la fabrication de véhicules diesel, de la mutation des moteurs thermiques vers les moteurs électriques et, parallèlement, de l’inconvénient que représente la pesante fonte dans la recherche de gains de poids. Ils devraient aussi accepter de subir les effets de la pandémie sur les fabrications et les ventes.

Un conseil en stratégie invité à cette occasion a évoqué la suppression possible de 4 000 à 5 000 emplois dans la fonderie automobile, et les 320 millions d’aides publiques encore disponibles grâce au fonds de modernisation de la filière automobile ont été rappelés aux bons souvenirs des patrons.

Il leur a été promis 420 millions d’euros supplémentaires par le fonds Avenir automobile 2, cofinancé par l’État, Renault et Stellantis.

Et pour les travailleurs ? L’aréopage a prévu un « fonds exceptionnel d’accompagnement et de reconversion des salariés », de 50 millions d’euros, dont vingt budgétés par les deux grands constructeurs, pour venir en aide aux travailleurs licenciés. Le calcul est rapide : 10 000 euros par salarié jeté à la rue, ce n’est globalement même pas six mois de salaire.

Les patrons de l’automobile ont accumulé des dizaines de milliards grâce au travail de tous, CDI, intérimaires, travailleurs des entreprises sous-traitantes en particulier, eux dont les employeurs devaient, plus ou moins volontiers, accepter de réduire les salaires et d’augmenter les cadences pour livrer moins cher. L’évolution du marché, la saturation du parc, la baisse de pouvoir d’achat des familles ouvrières, ont depuis vingt ans remis à plat l’industrie automobile. La pandémie et l’arrêt des ventes, la prise de conscience d’une certaine urgence climatique, ont fourni aux constructeurs l’occasion attendue de réaliser des restructurations significatives et des économies à grande échelle.

L’évolution vers les moteurs électriques n’est qu’un pan de cette stratégie de restructuration. Les travailleurs des fonderies, mobilisés pour défendre leur emploi et leur salaire contre les patrons qui se débarrassent d’eux après les avoir exploités, ont raison.

Ceux de la Fonderie de Bretagne, de SAM à Decazeville, de la FVM en Meurthe-et-Moselle, des Fonderies du Poitou et d’autres encore ont raison de se rebeller contre la politique patronale.

Il y a du travail partout, à commencer par les autres fonderies : réduire le temps de travail de 20 % pour tous les salariés de ces entreprises ne serait pas du luxe et permettrait à tous de conserver un emploi sans baisse de salaire. C’est une perspective que la mobilisation pourrait imposer.

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