Migrants naufragés : un assassinat28/04/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/04/2752.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Migrants naufragés : un assassinat

Le 22 avril, cent trente migrants sont morts au large de la Libye. Ils avaient embarqué sur un bateau de fortune composé de deux flotteurs en caoutchouc, moins solide qu’un zodiac, qui n’a pas résisté aux conditions météorologiques mais surtout à l’indifférence des autorités libyennes et européennes qui les ont laissés mourir.

L’ONG Alarm Phone, qui recueille les appels de détresse, a reçu et transmis toute la journée leurs appels au secours à ceux qui auraient dû les sauver. Pendant quatre heures, les volontaires de cette ONG se sont heurtés à des centres de secours officiels injoignables, jusqu’à ce que le centre de crise italien les renvoie sur les « autorités compétentes » libyennes qui ont affirmé qu’une patrouille partait à la recherche de l’embarcation en détresse. Encore quatre autres heures sont passées jusqu’à ce que le seul navire de l’ONG SOS Méditerranée, l’Ocean Viking, très éloigné sur une autre zone de sauvetage, décide de son propre chef de partir à la rescousse des migrants sur une mer démontée. Il n’a trouvé qu’une embarcation vide. Les gardes-côtes libyens ont reconnu qu’ils n’étaient pas sortis en raison des mauvaises conditions météorologiques. La veille, ils avaient intercepté une autre embarcation avec 104 migrants à bord. Une troisième avec plus de 40 personnes est encore portée disparue.

Malgré des frontières de plus en plus hermétiques et la baisse des tentatives de traversées, l’Organisation internationale des migrations estime à plus de 450 le nombre de morts en Méditerranée depuis le 1er janvier 2021, qui s’ajoutent aux 1200 disparus de 2020. Le bilan est lourd et il est surtout révélateur de la politique abjecte des gouvernements européens responsables de cette hécatombe. Ce sont eux qui ont choisi de confier à la Libye le rôle de geôlier de camps de rétention où les migrants sont enfermés dans des conditions épouvantables, soumis aux tortionnaires et aux violeurs. Ce sont eux qui payent pour protéger leurs frontières. Dans ce dernier naufrage, ce sont eux les coupables de ce qu’on ne peut pas appeler autrement qu’un assassinat.

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