Le Pen au garde-à-vous devant les siens28/04/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/04/2752.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le Pen au garde-à-vous devant les siens

Deux jours après la publication de la tribune des militaires d’extrême droite, Marine Le Pen leur adressait en personne une lettre ouverte de soutien.

L’extrême droite et les sommets de l’armée ont toujours été étroitement liés. Le Front national s’est fondé avec d’anciens militaires qui avaient participé au putsch des généraux d’Algérie du 21 avril 1961 et qui avaient fondé ensuite l’Organisation de l’armée secrète (OAS). Cette organisation, qui avait mené la politique dite de la « terre brûlée » en Algérie en organisant des attentats causant des milliers de morts, avait pour objectif la constitution d’un parti fasciste en France, dont la base sociale aurait été les pied-noirs. Leur tentative de l’époque a échoué, mais le courant politique dont est issue Marine Le Pen en est en grande partie l’héritier. Jean-Marie Le Pen lui-même, qui a participé aux guerres coloniales d’Indochine et d’Algérie, incarne ces officiers d’extrême droite.

Alors, pour Marine Le Pen, ces militaires signataires de la tribune, ce sont « les siens ». Ce n’est pas pour rien qu’elle a réagi aussi vite, ne laissant à aucun autre représentant de son parti le soin d’exprimer son soutien.

Pour certains commentateurs, cette attitude va à l’encontre de sa politique de dédiabolisation. Mais c’est tout simplement que Marine Le Pen a besoin de conserver différentes facettes. D’un côté, elle est dans la course à la présidentielle et voudrait élargir son électorat du côté d’une droite modérée, dont les partisans se radicalisent du fait de la crise économique. À ceux-là, elle tient le discours le plus policé. Mais, par ailleurs, elle ne veut pas perdre sa base faite de militants d’extrême droite et leur donne donc des gages, montrant qu’elle est toujours des leurs. Ne pas le faire serait risquer d’être doublée sur sa droite par d’autres prétendants au rôle d’alternative politique d’extrême droite.

Marine Le Pen fait donc cet exercice sans avoir à se forcer. Au passage, ce ralliement empressé à un quarteron de militaires candidats putschistes est en soi une illustration de ce que son parti est capable de proposer.

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