Dans les entreprises

RATP – Bus : temps de travail, repos, congés… non au chantage

L’ouverture à la concurrence des lignes de bus de la RATP est prévue pour 2025, avec le transfert de l’ensemble des salariés dans des filiales. Mais la RATP cherche dès maintenant à augmenter massivement le temps de travail des conducteurs.

Pour la direction, l’ouverture à la concurrence constitue un motif de choix pour s’attaquer brutalement aux conditions de travail. Elle veut imposer au plus vite une hausse significative du temps de travail en prétendant que la concurrence future ne laisse pas d’autre choix que d’augmenter le rythme des gains de productivité. Plus de temps au volant, moins de repos et de congés : son projet se traduirait par un mois et demi de travail en plus par an, permettant de supprimer à terme 2 400 emplois de conducteurs.

Pour mettre les travailleurs devant le fait accompli, la direction vient de dénoncer les accords qui réglementaient jusque-là l’organisation du travail et les repos. Elle envoie l’encadrement proclamer que les nouvelles conditions de travail s’appliqueront inéluctablement, mais laisse entrevoir la possibilité d’obtenir une compensation salariale à mille lieux de la charge de travail supplémentaire… à condition d’accepter tout de suite ce mois et demi de travail en plus.

En plus du vol que représenterait cette masse d’heures travaillées gratuitement, cela aurait des conséquences significatives sur la santé, alors que les travailleurs qui ne peuvent plus effectuer certaines tâches sont déjà nombreux, et que beaucoup de conducteurs ont des problèmes de santé après dix ou vingt ans de conduite. Les filiales dans lesquelles l’ensemble des salariés sont censés être transférés en 2025 ne se gêneront pas pour pousser vers la sortie ceux que la direction qualifient d’inaptes.

Les partis de gauche prétendent qu’une défaite de Pécresse aux élections régionales permettrait de bloquer le processus. C’est totalement illusoire, car la gauche, la droite puis LREM ont préparé main dans la main cette ouverture à la concurrence, tout comme la privatisation de nombreuses entreprises publiques. Tout le patronat du secteur souhaite cette ouverture à la concurrence et la RATP ne l’a pas attendue pour aggraver les conditions de travail, au nom de la recherche de la compétitivité : en 2011 et 2013, c’est la grève qui avait contraint la direction à ne pas remettre en cause le temps de conduite.

Dans les dépôts, c’est pour le moment l’inquiétude qui domine, même si certains travailleurs ont conscience que d’autres attaques suivront si la direction ne trouve pas d’opposition. Concurrence ou pas, des centaines d’euros manquent déjà sur les bulletins de paie. Des embauches seraient indispensables pour transporter les passagers sans que les horaires soient remis en cause en permanence, mais toute une génération de jeunes conducteurs en contrats pro viennent d’apprendre qu’ils ne seront pas embauchés.

Refuser de travailler toujours plus, exiger une hausse de salaires qui permette de vivre malgré la hausse du coût de la vie : voici ce qu’il y a à répondre au racket que Keolis, Transdev, ou la RATP nomment appels d’offre et ouverture à la concurrence.

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