Canada : la révolte des autochtones contre les stérilisations forcées21/04/20212021Journal/medias/journalarticle/images/2021/04/P9-2_Embleme_dun_congres_eugeniste_au_Canada_en_1924.jpg.420x236_q85_box-0%2C92%2C900%2C599_crop_detail.jpg

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Canada : la révolte des autochtones contre les stérilisations forcées

Depuis que le 22 février les parlementaires canadiens ont voté à l’unanimité une motion contre le génocide de la Chine à l’égard des Ouïgours, dénonçant en particulier les stérilisations forcées, plusieurs représentants des peuples autochtones du Canada revendiquent que leur pays reconnaisse des pratiques similaires à leur égard.

Illustration - la révolte des autochtones contre les stérilisations forcées

Le Canada a un long passé de campagnes de stérilisation, visant en particulier les femmes des peuples d’Indiens et d’Inuits envahis et colonisés. Des lois, en vigueur jusque dans les années 1970 dans les provinces d’Alberta et de Colombie-Britannique, visaient même à limiter la reproduction des personnes jugées inaptes, ciblant particulièrement les femmes autochtones. Sous prétexte d’améliorer l’espèce humaine, l’Eugenics Board, le bureau de l’eugénisme, décidait si telle ou telle femme était mentalement déficiente et devait être stérilisée. Dans d’autres provinces, ces pratiques coloniales racistes ont sévi sans s’appuyer sur une loi, mais avec le même résultat : des milliers de femmes et de filles autochtones ont été stérilisées de force.

Ces lois ont été abolies dans les années 1970, mais les stérilisations ont continué jusqu’à aujourd’hui. Ainsi, une centaine de femmes ont entamé une action judiciaire collective contre des stérilisations sans consentement jusqu’en 2018. En réaction au vote du Parlement, leur avocate a dénoncé « le racisme systémique antiautochtone et les pratiques discriminatoires qui se poursuivent jusqu’à ce jour ». À l’hôpital, les femmes et les filles autochtones sont souvent traitées avec mépris et paternalisme, les médecins décidant de disposer de leur corps à leur place, prétextant de difficultés linguistiques, ou culturelles.

Le gouvernement canadien se défend, en affirmant que la loi condamne les stérilisations sans consentement. Contraint d’admettre qu’elles perdurent, il renvoie la balle aux gouvernements des provinces, qui n’en feraient pas assez. En réalité, le Canada d’aujourd’hui s’est construit sur la spoliation des peuples qui y vivaient avant qu’ils soient colonisés par les Européens. Ces peuples y ont perdu leurs terres et tout droit à une existence digne. Le racisme à leur égard, a contribué à perpétuer cette spoliation.

De telles pratiques existent ailleurs. En Caroline du Nord, aux États-Unis, plus de 7 600 hommes et femmes, la plupart afro-américains, ont été stérilisés jusqu’en 1974, au travers d’un programme empêchant les « faibles d’esprit » d’avoir des enfants. Soixante mille personnes auraient été victimes de ces pratiques dans l’ensemble du pays au 20e siècle. À La Réunion, colonie française, des milliers de femmes ont subi le même sort jusque dans les années 1960.

L’oppression des peuples et leur exploitation ont contribué à construire le capitalisme moderne, avec des massacres d’abord, et ensuite par le racisme institutionnalisé, permettant de leur dénier tout droit, y compris sur leur descendance.

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