Walor – Bogny-sur-Meuse : le patron manœuvre, mais doit payer14/04/20212021Journal/medias/journalarticle/images/2021/04/P14-1_Walor_Bogny_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Walor – Bogny-sur-Meuse : le patron manœuvre, mais doit payer

Walor, leader européen de pièces usinées pour l’automobile, a de nouveau essuyé la colère des travailleurs de Bogny-sur-Meuse, dans les Ardennes.

Illustration - le patron manœuvre, mais doit payer

En janvier, à Vouziers, les travailleurs avaient imposé 40 centimes d’augmentation de l’heure contre 5 proposés par la direction. À leur tour, ceux du site de Bogny-sur-Meuse ont refusé l’aumône de 10 à 15 centimes, pour les salaires les plus bas. Les femmes, moins bien payées, ont impulsé le mouvement : leur salaire, à poste équivalent, est de 200 euros inférieur à celui des hommes.

À l’instar des travailleurs de Vouziers, 85 % des 194 salariés se sont mis en grève dès le mercredi 31 mars, revendiquant 40 centimes pour tous et l’égalité salariale. La direction a cette fois employé les grands moyens. Dès le 1er avril, elle a fait intervenir un huissier. Quatre grévistes, choisis au hasard, ont été assignés en justice, poursuivis pour avoir bloqué un camion. Le soutien apporté, la médiatisation et la minceur du dossier ont amené la justice à débouter la direction. Cette manœuvre a soudé les grévistes, plus déterminés encore à aller jusqu’au bout. Ils se sont relayés nuit et jour sur le piquet de grève. Une ouvrière témoigne : « C’est amusant, avant on allait travailler sans jamais se parler, avec cette grève on se met enfin à discuter, à organiser des rondes, des ravitaillements. »

Walor, pour éviter la propagation de la grève à d’autres sites, a entamé des négociations à Laval, dans la Mayenne, proposant cette fois 33 centimes. Les travailleurs de ce site étaient prêts à engager un mouvement, mais direction et dirigeants syndicaux se sont entendus sur cet accord. Le DRH du groupe s’est réjoui « d’un dialogue apaisé autour d’une table », sans préciser que c’est la grève qui a obligé la direction à proposer une somme plus conséquente. Mais les grévistes du site de Bogny se sont sentis trahis par les élus syndicaux de Laval qui ont sabordé l’extension de la grève.

Jeudi 8 avril, pressés par l’inspection du travail d’accepter les 33 centimes d’augmentation, les travailleurs ont cessé la grève après la levée de l’avertissement pesant encore sur l’un d’eux. S’ils n’ont pas obtenu ce qu’ils voulaient, en particulier l’égalité salariale entre femmes et hommes, le patronat a dû céder le triple de ce qu’il entendait imposer.

Les salariés savaient qu’ils entamaient un rude bras de fer. Le manque d’échanges entre les travailleurs à l’échelle du groupe a aussi pesé sur leur mouvement et certains se disent qu’il faudra s’organiser autrement pour l’étendre.

Si les grévistes ont repris le travail au bout de neuf jours de mobilisation, la colère reste grande. Les travailleurs ont pu discuter, partager leur mécontentement et établir leurs revendications. Cette lutte comptera pour l’avenir et ils sont retournés dans l’usine la tête haute.

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