Hôpital de La Pitié-Salpêtrière Paris : sans moyens face à la troisième vague14/04/20212021Journal/medias/journalarticle/images/2021/04/P11-1_OK_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C74%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpital de La Pitié-Salpêtrière Paris : sans moyens face à la troisième vague

À la Pitié-Salpêtrière, comme dans le reste de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) la troisième vague de l’épidémie met en évidence tous les problèmes déjà tant dénoncés par le personnel depuis longtemps : manque de lits, d’effectifs, de matériel et d’équipements.

Illustration - sans moyens face à  la troisième vague

La chasse aux lits pour prendre en charge les patients Covid continue, que ce soit les lits en réanimation ou les lits d’hospitalisation classique. Elle retarde la prise en charge, crée le casse-tête des déprogrammations et l’encombrement des Urgences par manque de lits d’aval. Par exemple, aux Urgences cérébro-vasculaires, cinq lits sont toujours fermés faute de personnel.

L’AP-HP et le gouvernement montent en épingle les 40 lits de réanimation montés en quinze jours dans le self de l’hôpital. Des dizaines d’ouvriers se sont succédé pour tout installer et du matériel tout neuf à faire rêver tout le personnel attend que les premiers patients arrivent. Mais ces lits provisoires ressemblent à une vaste opération de communication pour cacher une réalité bien moins clinquante : celle de ces lits de réanimation montés un peu partout dans les salles de réveil ou dans les blocs opératoires, qui fonctionnent avec du personnel pris sur ces mêmes services. Toutes les formations promises pour des infirmières et des aides-soignantes de réanimation sont restées de la poudre aux yeux.

Alors comme lors de la première vague, les étudiants des différentes écoles sont mis à contribution : les élèves de troisième année des écoles d’infirmières travaillent comme aides-soignants sur leur lieu de stage, les étudiants infirmiers anesthésistes et de bloc opératoire retournent travailler comme infirmiers.

Cette question du sous-effectif revient dans toutes les discussions car rien n’a changé depuis un an et la situation s’est même aggravée. On assiste à des situations inimaginables : une infirmière et une aide-soignante du service d’ORL restent seules tout un week-end pour 18 patients dont cinq demandent des soins rapprochés ; l’effectif pour une salle de 22 lits de patients polypathologiques en médecine interne passe d’un seuil qui semblait infranchissable de trois infirmières le matin à deux très régulièrement.

Ces exemples se multiplient dans tous les secteurs où s’accumulent les modifications d’horaires incessantes, les rappels sur repos, les propositions d’heures supplémentaires. Des cadres passent le plus clair de leur temps à chercher du personnel pour combler les trous des plannings.

En conséquence, le turn-over s’accélère et ne permet pas aux équipes de souffler. Les jeunes qui arrivent sont formées par d’autres jeunes en poste depuis un an qui font figure d’anciennes. Cela accroît les difficultés, concourt à l’épuisement et ne donne pas très envie de rester. Un phénomène prend un peu d’ampleur : les démissions !

Mais jeunes comme anciennes cherchent à résister à ces situations invivables. Les petits messages « de soutien » de Martin Hirsch, directeur de l’AP-HP, qui se multiplient dans les boîtes mail, agacent fortement et le « encore un effort » de Macron lors de son intervention pour le dernier confinement est très mal passé !

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