Fin de l’ENA : changer un peu pour que rien ne change14/04/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/04/2750.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Fin de l’ENA : changer un peu pour que rien ne change

Jeudi 8 avril, Macron a annoncé la suppression de l’École nationale d’administration (ENA), dont sont issus une grande partie des hauts fonctionnaires.

Et de prétendre que c’est là une réponse aux revendications des gilets jaunes qui, à l’instar de nombreux travailleurs, voyaient dans l’ENA le symbole de l’élitisme, de l’arrogance et du mépris des dirigeants. Au gouvernement, on s’y connaît pour ce qui est de faire des grandes phrases et de changer les noms… sans évidemment changer les choses !

Macron veut remplacer l’ENA par un Institut du service public (ISP) dès 2022. Il a même déclaré qu’avec l’ISP, cela va « changer radicalement la manière dont on recrute, dont on forme, dont on sélectionne, dont on construit les parcours de nos hauts fonctionnaires ».

Avec l’ISP, les hauts fonctionnaires seront peut-être sélectionnés et formés un peu différemment. Mais cela ne modifiera en rien l’objectif principal, qui est de former des valets haut de gamme, compétents pour servir l’État des bourgeois, c’est-à-dire pour gérer les affaires de ceux qui possèdent les banques et les grandes entreprises.

Qu’il y ait 1 % d’enfants d’ouvriers qui deviennent hauts fonctionnaires comme c’est le cas aujourd’hui ou un peu plus comme le promet Macron avec l’ISP, que les hauts fonctionnaires ne puissent pas commencer leur carrière dans les ministères mais dans les préfectures, cela ne les rendra pas plus proches des travailleurs !

Si les dirigeants politiques prennent des mesures contre les classes populaires, ce n’est pas parce qu’ils ne connaîtraient pas le monde ouvrier, qu’ils seraient loin des réalités de la population ou qu’ils seraient des « technocrates incompétents » qui ne verraient pas les conséquences de leurs attaques. Non, s’ils font cela, c’est parce qu’ils ont été sélectionnés, triés et formés pour servir les intérêts de la classe dominante et que cela veut dire démolir les conditions de vie des classes populaires.

Tel est le métier de ces hommes de la bourgeoisie, des fonctions de sous-préfet à celles de conseiller ministériel, des postes de hauts cadres à ceux de PDG dans les grandes entreprises publiques et privées, ou bien de hauts gradés au sein de la police ou de l’armée. Ils ne sont jamais élus par la population ni contrôlés par les travailleurs et ils sont en poste bien plus longtemps que les présidents, ministres ou députés. Ils sont l’ossature de l’État.

Ce n’est pas seulement l’ENA ou ce type d’école qu’il faut supprimer, mais tout cet appareil de hauts fonctionnaires. C’est ce qu’ont fait les prolétaires parisiens quand ils ont pris le pouvoir dans la capitale, lors de la Commune, en 1871. À la place, ils ont choisi des travailleurs élus, révocables à tout moment, payés comme des ouvriers qualifiés, qui vivaient, travaillaient et agissaient sous le contrôle actif de la population en armes.

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