Loi Climat : liberté chérie des capitalistes07/04/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/04/2749.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Loi Climat : liberté chérie des capitalistes

Les deux premières semaines de débats à l’Assemblée nationale sur la loi « Climat et résilience » illustrent jusqu’à la caricature l’impossibilité d’enrayer le réchauffement climatique en comptant sur des lois et des mesures gouvernementales.

Cette loi devait être le fruit de la conférence citoyenne sur le climat mise en place en grande pompe en octobre 2019 par Macron. Alors que celui-ci s’était engagé à reprendre les mesures, déjà bien modérées, proposées par les 150 citoyens tirés au sort pour participer à cette conférence, le projet de loi soutenu par Barbara Pompili, ministre de la Transition écologiste, les a encore affadies.

La première partie de cette loi, qui en compte trois, portait sur la publicité. Toutes les mesures qui auraient pu limiter, même à la marge, le droit des industriels à faire de la publicité pour des produits polluants ont été écartées. Un amendement demandait que « les entreprises communiquent la répartition de leurs investissements publicitaires ». La réponse d’Aurore Bergé pour LREM était : « Cela revient à nier la liberté des entreprises d’investir où elles le souhaitent. C’est vraiment aller trop loin » ! Son collègue du Gers a ajouté : « Nous demandons déjà beaucoup aux entreprises dans ce texte. Il ne faut pas en rajouter. » Ces cris du cœur résument la position du gouvernement : ne surtout rien imposer aux capitalistes.

Pour enrayer le réchauffement climatique, il serait impératif de réduire drastiquement, et de façon coordonnée dans le monde, les émissions de gaz à effet de serre qui résultent du transport, de l’industrie, de la construction ou de l’agriculture. Tous ces secteurs sont contrôlés par des capitalistes qui ne raisonnent qu’en fonction du profit immédiat qu’ils peuvent réaliser. Sans mesures coercitives, sans une surveillance permanente de leurs décisions, sans leur imposer une coordination et une planification de leurs investissements, ces industriels continueront de faire ce qu’ils veulent et ce sera « après eux le déluge ».

On le voit avec la loi Climat, ces mesures coercitives ne viendront pas d’en haut. Les politiciens au pouvoir comme ceux qui aspirent à y accéder, y compris ceux qui se revendiquent de l’écologie et qui défilent dès qu’ils peuvent pour le climat, se prosternent tous devant la propriété privée et les intérêts des possédants. Pour ceux qui dirigent l’État, le moindre contrôle sur les décisions des capitalistes est un sacrilège. Les seules mesures qu’ils imaginent sont de taxer les consommateurs et de faire la morale à la population.

Pour « sauver la planète », comme l’exigent tous ceux qui se mobilisent, il faudrait placer les industriels sous le contrôle direct des travailleurs et de la population. Il faudrait supprimer le secret des affaires et le secret industriel, permettre à tous les travailleurs, de ceux chargés du nettoyage aux ingénieurs en passant par les chauffeurs livreurs, de rendre publics tous les agissements dangereux dont ils ont connaissance, sans avoir pour cela à risquer leur emploi.

Il y a urgence à enrayer la catastrophe écologique, tout comme il y a urgence à stopper la catastrophe sociale. Les deux sont liées et les résoudre nécessite la même intervention consciente des travailleurs qui produisent tout.

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