Fonderies du Poitou – Ingrandes : où sont passés les millions ?31/03/20212021Journal/medias/journalarticle/images/2021/03/P12-2_Rassemblement_des_2_fonderies_Poitou_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C74%2C800%2C524_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Fonderies du Poitou – Ingrandes : où sont passés les millions ?

Le site des Fonderies du Poitou, autrefois Renault, à Ingrandes, dans la Vienne, est aujourd’hui dans les mains d’un groupe, Liberty Alvance, qui a déjà annoncé la fermeture en juin de la fonderie Fonte et la mise à la porte de ses 292 salariés.

Illustration - où sont passés les millions ?

La fonderie Alu elle aussi consacrée à l’automobile, tourne à fond pour l’instant, mais, faute de commandes de la part de Renault, qui restait son principal client, l’avenir de ses quelque 300 salariés est lui aussi plus qu’incertain.

Or, dans le cadre de la politique publique de soutien aux entreprises « visant à atténuer l’effet Covid », les patrons de la fonderie Alu ont contracté en décembre un prêt de 18 millions, avec garantie de l’État (PGE). Le hic, c’est que ces 18 millions ont tout bonnement disparu… La société financière Greensill, principal partenaire bancaire du groupe, à qui ce prêt avait été demandé, vient d’être déclarée en faillite, et l’usine d’Ingrandes n’en a pas vu arriver le premier centime, pourtant attendu pour mars.

Une enquête préliminaire ayant été ouverte par le procureur de la République de Poitiers, le directeur du site a été entendu comme témoin à la gendarmerie. Les enquêteurs lui auraient demandé d’expliquer pourquoi, selon lui, la société n’a pas perçu ces 18 millions de PGE, la direction de Liberty ayant déclaré qu’elle « ne peut pas commenter l’enquête préliminaire » et qu’elle n’a « pas connaissance d’agissements qui seraient contraires à la légalité ».

Face à cette situation, les élus locaux, inquiets des menaces de cessation de paiement qu’agitent les patrons, et surtout des retombées d’une possible colère des travailleurs sur leur carrière électorale, poussent les hauts cris face aux patrons des Fonderies, déclarent que « c’est scandaleux », en évoquant le dépôt de bilan de Greensill, et ajoutent qu’il « convient donc de sécuriser les fonds du plan de sauvegarde de l’emploi » pour la fonderie Fonte, qui doit fermer en juin prochain. Dans ce but, ils demandent au groupe Liberty de « faire la lumière en toute transparence sur la situation financière du groupe ».

Si les tractations des capitalistes de la finance comme de l’industrie sont secrètes, c’est que cela correspond à leur nature. Les responsables politiques qui ont dit aux travailleurs qu’ils allaient convaincre les patrons de maintenir les emplois ne devraient pas être surpris. Ils sont « en même temps » les ardents défenseurs du capitalisme, c’est-à-dire d’un système où les vraies décisions se prennent dans le secret des conseils d’administration, en fonction des profits attendus par les actionnaires, pas en fonction des emplois ni des besoins de la société. Alors, ils peuvent continuer en pure perte leurs gesticulations de marionnettes.

Lors de la visite d’un grand ponte à l’usine, le 9 mars dernier, à la question d’un ouvrier de la fonderie Alu, le directeur avait répondu : « Qu’est-ce que je peux faire pour les millions d’euros partis et disparus dans la banque allemande ? Que j’aille les chercher et les ramener dans le coffre de ma voiture ? » La réponse avait fusé de toutes parts : « Oui, et tout de suite ! »

Imposer la réquisition des ces groupes qui ferment des usines après avoir amassé des millions de profits, imposer le contrôle de leurs comptes par les travailleurs, ce serait la seule façon de retrouver les millions « égarés ». Mais le leur demander gentiment ne sert à rien.

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Le ministre Bruno Le Maire avait réaffirmé le soutien financier de l’État aux deux principales usines françaises de GFG Alliance, Ascoval et Hayange, sans dire un mot des autres usines françaises qui appartiennent au même groupe, les Fonderies du Poitou entre autres. Un « oubli » dénoncé par la CGT dans un tract intitulé « Et nous alors ? » demandant aussi « que toute la lumière soit faite »

Depuis, la ministre déléguée à l’Industrie a tenu à les rassurer : l’État viendra aussi au secours des Fonderies du Poitou si nécessaire.

Le problème n’est pas de demander à l’État de financer de nouveau les patrons, mais de se mobiliser face aux menaces de Liberty de ne pas payer les salaires en déclarant aussi la fonderie Alu en cessation de paiement.

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