Services de réanimation : catastrophe annoncée24/03/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/03/2747.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Services de réanimation : catastrophe annoncée

Dans son rapport annuel publié le 18 mars, la Cour des comptes a souligné une « faible anticipation » des risques sanitaires par les services publics, notamment à l’hôpital et à l’école. Il serait plus juste de dire que rien n’avait été prévu.

Le rapport rappelle qu’au cours de la dernière décennie le nombre de lits en réanimation a progressé dix fois moins vite que le nombre de personnes âgées, alors que celles-ci constituent les deux tiers des malades pris en charge dans ces services. À la veille de la crise sanitaire, il n’y avait plus que 37 lits de réanimation pour 100 000 personnes de plus de 65 ans, contre 44 en 2013.

Contrairement à ce que prétend le gouvernement, la crise sanitaire n’a rien changé à cette situation. En novembre, une enquête du syndicat des médecins réanimateurs auprès de plus d’un tiers des hôpitaux du pays concluait qu’à peu près aucun des 600 lits de réanimation ouverts en catastrophe pour la deuxième vague n’était pérenne. Un service sur huit a répondu que le seuil minimum d’infirmiers par patient n’était pas même respecté.

Cette pénurie découle directement des décisions de l’État. Depuis 2007, le financement des hôpitaux est calculé par le biais d’un système de tarification qui associe un prix à chaque acte pratiqué. Les hôpitaux sont pris en tenaille entre des tarifs qui baissent pour la réanimation et des charges qui augmentent, ce qui en fait une activité déficitaire : la Cour des comptes estime que chaque ouverture de lit de réanimation se traduit en moyenne par un déficit de 115 000 euros par an.

Comme solution, elle se borne à suggérer de revoir le système de financement de ce type de soins, tout en préconisant de le maintenir pour le reste de l’activité hospitalière. Le président de cette institution n’est autre que Pierre Moscovici, PS et ex-ministre du gouvernement Jospin. Or c’est justement ce gouvernement qui avait subrepticement introduit dans la loi créant la Couverture maladie universelle un mode de fonctionnement à partir duquel la tarification à l’acte a été généralisée quelques années plus tard.

Parmi les responsables de l’impréparation de l’État, la Cour des comptes a aussi oublié… de dénoncer son propre rôle. En effet, ce qui apparaît dans ce rapport, ce sont les conséquences néfastes des politiques d’économies que cette Cour ne cesse de recommander aux gouvernements, année après année. Ceux qui ont rédigé ce rapport auraient pu s’épargner cet effort : tout ce qui s’y trouve, le personnel soignant n’a cessé de le dénoncer au cours de nombreuses mobilisations ces dernières années pour exiger des moyens humains et matériels pour l’hôpital.

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