Syrie : les aspirations d’un peuple enfouies sous les bombes17/03/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/03/2746.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Syrie : les aspirations d’un peuple enfouies sous les bombes

Il y a dix ans, en mars 2011, comme en Tunisie ou en Egypte, des milliers de Syriens se soulevaient contre la dictature de Bachar al-Assad. Les manifestations furent durement réprimées : en seulement quelques mois, 5 000 personnes furent tuées.

Dix ans plus tard, Assad est toujours au pouvoir, contrôlant 70 % du territoire syrien. Les dirigeants occidentaux, en le déplorant, se livrent à l’habituel concert de déclarations hypocrites, tel Macron qui déclarait le 15 mars rester « aux côtés du peuple syrien pour répondre aux besoins humanitaires, défendre le droit international, lutter contre l’impunité, trouver enfin une solution politique, la seule possible ». Mais quel soutien a été apporté en 2011 à cette jeunesse qui avait soif de liberté, de démocratie ? En réalité, aucun.

Alors que la répression féroce s’abattait sur le peuple syrien, les dirigeants des pays impérialistes, et en premier lieu les États-Unis, ne se préoccupèrent pas du sort des personnes torturées, emprisonnées ou tuées par les forces de répression du régime, préférant laisser Assad agir contre la révolte. Leur attitude fut dans un premier temps d’attendre de voir si cette situation de contestation ne serait pas l’occasion d’imposer un régime à leur botte – Assad étant jugé peu fiable –, leur permettant de mieux contrôler la région.

Puis, faute de voir surgir de l’opposition à Assad les éléments d’un pouvoir de rechange suffisamment solide, les États-Unis, directement ou par puissances régionales interposées, telle la Turquie, financèrent des milices djihadistes afin d’affaiblir Assad. Le chaos créé par l’irruption de l’organisation État islamique en Syrie, puis en Irak, et la résistance du régime changèrent la donne à partir de 2015. Les dirigeants occidentaux s’appuyèrent alors sur la Russie et l’Iran pour, au contraire, aider Assad à regagner du terrain, celui-ci apparaissant alors finalement comme un moindre mal. Mais il n’était pas question non plus pour eux de lui laisser la bride sur le cou. Une fois les territoires repris à l’organisation État islamique, alors qu’Assad était en passe de gagner la guerre grâce au soutien de la Russie, ils s’appuyèrent sur la Turquie pour limiter sa victoire.

Près de 400 000 Syriens – 388 652 personnes, d’après un dernier bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) – furent tués. Douze millions de personnes durent fuir. La moitié se retrouvèrent coincées dans des camps installés dans les pays de la région, en Jordanie, en Turquie ou au Liban.

On ne peut toujours pas parler de paix. Le pays est désormais éclaté en diverses zones, celles contrôlées par l’armée d’Assad et celles qui le sont par des groupes armés, comme dans la zone d’Idlib que contrôle le groupe Hayat Tahrir al-Cham, anciennement Front al-Nosra, un temps lié à al-Qaida.

Les sanctions américaines et l’absence d’aide à la reconstruction conditionnée à la mise en place d’un « processus de transition politique », qu’Assad refuse toujours, aggravent encore la situation pour des millions de Syriens. « Dans certaines régions, ce sont toutes les infrastructures en matière d’eau, d’électricité qui ont été dévastées. Moins de 50 % des infrastructures hospitalières et centres de santé sont en capacité d’accueillir des personnes dans le pays et une école sur trois ne peut plus être utilisée », témoignait Lucile Papon, de l’association Handicap International.

Le peuple syrien continue ainsi de subir une dictature renforcée par les interventions des puissances impérialistes, de la Russie et des puissances régionales. En multipliant les bombardements, les destructions et les massacres et en rasant au sol des villes entières, elles ont conjugué leurs efforts pour faire disparaître ses simples aspirations à plus de liberté.

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