Une catastrophe pour l’Aveyron10/03/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/03/2745.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Une catastrophe pour l’Aveyron

La direction du groupe Bosch vient d’annoncer la suppression de 750 emplois sur les 1 250 de son usine d’Onet-le-Château, dans l’agglomération de Rodez. C’est une catastrophe pour le département de l’Aveyron.

Dans bien des familles, même dans des villages éloignés de plusieurs dizaines de kilomètres, on a quelqu’un qui travaille, directement ou indirectement, pour « la Bosch ». L’usine produit des bougies et des injecteurs pour les moteurs diesel, productions en perte de vitesse ces dernières années, avec les préoccupations écologiques et les conséquences du « dieselgate », ce scandale qui avait révélé que Volkswagen utilisait (comme d’autres constructeurs) un logiciel permettant de dissimuler les émissions polluantes de ses véhicules. C’était d’ailleurs Bosch qui avait fourni ce logiciel.

Mais en réalité, même à l’époque où les moteurs diesel se vendaient très bien, les travailleurs de l’usine ont dû faire face au chantage permanent de Bosch, exigeant régulièrement des sacrifices supplémentaires pour, disait-il, assurer l’avenir du site. En 2007, la direction avait imposé une augmentation de la durée du travail sans augmentation de salaire, et une réduction des effectifs, en s’engageant ensuite à maintenir les emplois sur le site, engagement qui n’a tenu que quelques mois. En 2013, un nouvel accord de compétitivité avait été imposé aux travailleurs, sous la menace de fermeture du site, puis encore un autre en 2018. Cela a permis à Bosch de maintenir ses productions et ses profits, en réduisant les effectifs de plus de 1 000 personnes depuis les années 2000, où l’usine avait compté 2 400 salariés.

Aujourd’hui, Bosch annonce donc que, en 2025, il n’y aura plus que 500 salariés sur le site mais ne se donne même pas la peine d’annoncer de nouveaux investissements pour permettre son maintien. Il est donc probable que son objectif à terme est de s’en débarrasser.

Depuis des années, l’argent public a rempli les caisses de Bosch, notamment ces derniers mois par la prise en charge du chômage partiel. Mais les déclarations des politiciens locaux, qui se disent trahis, n’auront pas plus d’effet que les grands discours de Macron sur l’avenir du « diesel français » lors de sa visite à l’usine en 2016. Une fois de plus, ce sont les capitalistes qui décident, ici la famille Bosch et ses serviteurs.

Le groupe est numéro un mondial des équipementiers automobiles, et organise la concurrence entre ses propres usines. Pendant des années, il a pu faire pression sur ses salariés allemands en montrant en exemple la rentabilité de l’usine aveyronnaise, où les salaires étaient plus bas. Aujourd’hui, il prétexte le coût de la main-d’œuvre en France en comparaison avec la Turquie ou l’Europe de l’Est. Il ne fait d’ailleurs que suivre les stratégies de ses principaux clients, comme le groupe Renault. C’est ainsi que la domination de quelques familles et gros actionnaires sur toute une industrie aboutit à ruiner une région entière, après bien d’autres. Pourtant, la solution existe : si on produit moins de pièces, les travailleurs de Bosch pourraient se partager le travail sur les différents sites. Bosch comme Renault ou Volkswagen ont accumulé des milliards de bénéfices et auraient largement les moyens de maintenir les salaires comme les emplois, même en vendant moins de diesels polluants. Et il y a bien d’autres choses utiles que les ouvriers de Bosch sauraient produire.

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