Qatar : une “fête du sport” sur un cimetière03/03/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/03/2744.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Qatar : une “fête du sport” sur un cimetière

Depuis 2010, le nombre d’ouvriers morts sur les chantiers de la future Coupe du monde de football au Qatar dépasse 6 500. Ce massacre est le résultat de conditions de travail d’une férocité rarement atteinte.

Ces morts sont des travailleurs migrants, souvent jeunes, en provenance pour la plupart de pays d’Asie. D’après des témoignages recueillis par l’association Sherpa, ils travaillent fréquemment de 60 à 70 heures par semaine, dans une fournaise de 40 à 50°, pour des salaires correspondant à 4 % du salaire médian d’un Qatari. Cet enfer donne l’idée de la dictature qui règne sur les chantiers. Le système de confiscation des passeports par les embaucheurs, officiellement abandonné, semble encore largement en vigueur et sert de moyen de pression sur les ouvriers. Le manque d’accès à l’eau, à une nourriture saine, ou encore à des pauses à l’ombre, limité au bon vouloir des chefs, est bien souvent la cause des décès.

Le Qatar annonce un bilan de 37 morts. Mais, comme il renvoie les corps des ouvriers par avion dans leur pays d’origine, plusieurs de ceux-ci ont communiqué des chiffres que le journal anglais The Guardian a additionnés, pour arriver à 6500 morts, soit douze en moyenne par semaine. Ce total est largement sous-évalué, puisque les journalistes n’ont pas eu accès aux nombres de morts des Philippins ou des Kenyans, nombreux au Qatar.

Ce chiffre est digne des chantiers de travail des temps coloniaux, et ce n’est pas un hasard. Le point commun est l’impérialisme, autrement dit la guerre que se mènent les multinationales et leurs États pour la domination du marché mondial, au prix du sang des peuples. Car c’est de cela qu’il s’agit : le spectacle du ballon rond n’est qu’une vitrine. Les principales puissances du foot sont aussi les principales puissances impérialistes, et les profits tirés de ces prétendus grands événements sportifs vont, pour l’essentiel, aux capitalistes de ces puissances, dont la France. Bouygues et Vinci font ainsi partie des entreprises de BTP qui ont de très gros contrats de construction au Qatar, et qui sont responsables de l’enfer imposé aux travailleurs.

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