Dans les entreprises

PSA – Douvrin : la direction veut fermer l’usine

Le couperet est tombé cette fois-ci sur l’usine de fabrication de moteurs PSA à Douvrin, dans le Pas-de-Calais, mais cette attaque du nouveau groupe Stellantis (Fusion PSA-Fiat) fait partie d’une offensive tous azimuts.

Le président de PSA, Carlos Tavares, mène la guerre aux salariés de son groupe, n’hésitant pas à faire monter la concurrence à l’échelle internationale. Il a reproché dernièrement aux travailleurs des usines italiennes (Fiat) leur productivité insuffisante, inférieure selon lui à celle de la France et de l’Espagne. En Angleterre, il a fait savoir que le Brexit rendait incertain l’avenir de l’usine Vauxhall d’Ellesmere Port et de ses mille salariés. Les travailleurs des usines de Slovaquie, Pologne, Hongrie sont aussi sous la pression de cette politique de rivalité. Et on a vu récemment une explosion de colère des ouvriers de PSA Kenitra, au Maroc, essayant de desserrer l’étau dans lequel on maintient leurs salaires et leurs conditions de travail.

Face au piège des divisions nationalistes qu’une telle politique peut développer, il faut défendre la nécessité pour les travailleurs d’unir leurs forces par-dessus les frontières pour faire valoir leurs intérêts communs.

Jeudi 25 février, la direction de PSA Douvrin a brutalement annoncé que la nouvelle version du moteur EP (hybride essence-électrique), en préparation depuis deux ans, n’allait pas être fabriquée à Douvrin mais dans une usine Opel en Hongrie. Tout le monde a compris que c’était une condamnation à mort de l’usine de Douvrin, ex-Française de Mécanique, car un autre moteur, diesel, doit être arrêté en 2022, celui qui fait travailler le plus grand nombre de travailleurs de l’usine.

Il y a vingt ans, l’usine employait 6 300 travailleurs. Depuis, ce n’a été qu’une longue chute de l’effectif, chute qui s’est accélérée ces dernières années. En 2006, la fonderie a été fermée, qui occupait alors environ 800 travailleurs. Mais la direction avait brandi comme compensation le moteur EP, qui allait selon elle venir sauver l’usine. C’est ce moteur qui s’en va maintenant. Depuis deux ans, de vieilles machines sont arrivées d’un peu partout à Douvrin pour être retapées ; des techniciens, des ouvriers ont dû travailler à fond pour préparer le lancement du moteur « sauveur d’emplois ». La veille de l’annonce, les techniciens et les ouvriers travaillaient encore d’arrache-pied sur ce chantier. Jeudi 25, la direction a appelé les techniciens pour leur dire : Vous pouvez retourner chez vous en télétravail, vous n’avez plus de boulot dans les ateliers.

Cette fois, la direction a inventé un nouveau joker, la gigafactory, l’usine de batteries ACC (une usine Total-PSA) dont la première pierre n’a pas encore été posée, mais pour laquelle les associés sont déjà assurés de toucher 800 millions de subventions. Cette gigafactory ne prendrait, peut-être, que 200 à 300 travailleurs fin 2023, et de façon encore plus hypothétique 1 400 à 2 000 en… 2030 ! Ces mêmes emplois ont été aussi promis à tous les travailleurs qui sont licenciés dans la région, entres autres à Bridgestone, juste à côté, à Maxam-Mazingarbe, etc.

Dans l’usine, il ne reste plus que 1 500 travailleurs dont 200 intérimaires, contrats de professionnalisation ou apprentis. Beaucoup des travailleurs précaires ont déjà été licenciés depuis le confinement. Il y a aussi environ 60 travailleurs d’Opel Pologne, poussés à quitter leur usine où ils n’avaient pas de travail, et qui eux aussi vont se retrouver très vite on ne sait où. Aujourd’hui, on voit bien que PSA considère tous les travailleurs de toutes les usines d’Europe comme des pions, qu’il peut balader ou licencier au gré des décisions des actionnaires.

Dans l’usine, après le coup de massue, le sentiment est entre l’écœurement et la colère. Tout le monde est sidéré par le culot de la direction, capable de dire avec aplomb le contraire d’un jour sur l’autre. Même les dirigeants syndicaux, qui ont accepté tous les sacrifices ces dernières années, ne peuvent cacher leur stupéfaction.

La direction a donné un coup de massue à tout le monde : il n’est pas sûr que dans les semaines qui viennent elle arrive à déployer son plan massif de suppressions d’emplois et qu’elle n’ait pas le retour de manivelle qu’elle mérite, c’est-à-dire un bon coup de colère.

Tout le monde est indigné. La CGT appelait à un premier débrayage mercredi 3 mars.

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