Dans le monde

Algérie : le pouvoir n’en a pas fini avec la contestation

Vendredi 26 février, les manifestations qui ont sillonné les rues d’Alger et de nombreuses villes d’Algérie ont rappelé au régime que le Hirak, le mouvement populaire qui a conduit à la démission d’Abdelaziz Bouteflika, était toujours là.

En mars 2020, la pandémie avait contraint les manifestants à mettre un terme à la contestation politique. Mais la crise économique, aggravée par la crise sanitaire, a exacerbé le mécontentement populaire. Exigeant le départ de tout le système, des milliers de manifestants ont crié les mêmes slogans qu’en 2020, « Un état civil, et pas militaire », « Algérie libre et démocratique », « Système, dégage ! »

Le président Abdelmadjid Tebboune a répété qu’il voulait tendre la main aux partisans du Hirak. Il en a fait libérer quelques dizaines avant le 22 février, mais, lors des manifestations étudiantes du 23 février et du vendredi 26, des centaines d’autres ont été arrêtés. À Ouargla, une ville du Sud algérien très touchée par le chômage, la justice a condamné à sept ans de prison ferme un jeune partisan du Hirak pour apologie du terrorisme, atteinte au président de la République et incitation à attroupement . L’annonce de cette condamnation a provoqué des émeutes à Ouargla.

L’Algérie nouvelle promise par Tebboune est une fiction. Son élection en décembre 2020 a servi de paravent à l’armée, véritable colonne vertébrale du régime. Son chef, qui a succédé à Ahmed Gaïd Salah, est Saïd Chengriha.

Àgé de 86 ans, il symbolise par son âge un système qui ne veut pas céder la place. Les marges de manœuvre de Tebboune se réduisent. Il se révèle incapable d’assurer la stabilité que réclament les classes possédantes algériennes, incapable aussi de répondre aux aspirations démocratiques et au mécontentement social qui enfle.

De leur côté, les classes populaires ne se résignent pas, elles rejettent toutes les manœuvres d’un pouvoir qui les méprise et les opprime.Combien de temps celle-ci tolérera-t-elle la poursuite de la contestation, si elle se poursuit ? L’état-major peut-il choisir la voie empruntée ces jours-ci par l’armée birmane, en tirant sur des manifestants qui se proclament pacifiques ?

Pour en finir avec cet ordre social, pour aboutir vraiment à ce que le « système dégage », il faudra désarmer l’appareil militaire dont il est le garant.

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