Editorial

Troupes françaises, hors du Sahel et hors d’Afrique !

Troupes françaises,  hors du Sahel et hors d’Afrique !

Le dispositif Barkhane, qui compte quelque 5 100 hommes au Sahel, est donc maintenu. Macron s’est félicité de « plusieurs victoires militaires » et de l’implication de plus en plus importante des troupes maliennes et tchadiennes. Emporté dans son élan, il a affirmé avoir « sauvé le Sahel », il suffirait donc de terminer le travail. Quel mensonge !

C’est un mensonge que l’on nous sert depuis le déploiement des troupes au Mali, en 2013. À l’époque, Hollande était président et Le Drian, actuel ministre des Affaires étrangères de Macron, était ministre de la Défense. Tous deux avaient présenté l’intervention comme une opération coup de poing. Quelques mois après son déclenchement, Hollande s’était vanté à Bamako, au Mali, d’avoir « gagné cette guerre ». C’était il y a huit ans !

Huit ans que les soldats français « traquent les djihadistes dans leur dernier retranchement ». Mais plus ils « décapitent les organisations terroristes », comme aiment si bien le dire nos dirigeants, plus les têtes repoussent !

Quasiment pas un jour ne se passe sans qu’une attaque se produise au Mali, au Burkina Faso ou au Niger. L’insécurité et l’obscurantisme sont les grands vainqueurs de la déstabilisation engendrée par la guerre : deux millions de déplacés ; des villageois pris en tenaille entre les différentes factions qui cherchent à faire la loi et à piller leurs maigres ressources ; des jeunes sans perspectives et embrigadés, qui dans des réseaux de trafiquants, qui dans des milices communautaires ou djihadistes…

À cela, s’ajoutent le racket et les agressions des soldats maliens ou burkinabé, censés protéger la population, et les exactions des troupes françaises. Celles-ci sont accusées d’avoir bombardé des civils rassemblés pour un mariage et tué 19 personnes, le 3 janvier dernier, près du village de Bounti, au centre du Mali. Combien cela fera-t-il de nouvelles recrues pour les djihadistes ?

L’armée américaine a son bourbier en Afghanistan, l’armée française a le sien au Sahel !

Pour répondre aux critiques sur la possibilité de gagner la guerre et pour amadouer les populations locales qui voient de plus en plus les troupes françaises comme des forces d’occupation, le gouvernement met en avant l’aide humanitaire.
Le Drian a annoncé un renforcement de sa politique d’aide au développement, et Macron veut vacciner l’Afrique. Il est incapable de vacciner ici, et c’est la Chine qui livre des vaccins en Afrique, mais Macron fait semblant de s’en occuper !

La France a toujours accompagné ses interventions militaires d’une prétendue politique de développement. Même la colonisation, faite de pillages, de travaux forcés et de mise en esclavage des populations, était présentée comme une mission civilisatrice ! Depuis la décolonisation, la France est intervenue des dizaines de fois en Afrique. Nulle part, elle n’a enrayé le sous-développement et instauré la démocratie et la sécurité. Du moment que la clique choisie par l’Élysée est au pouvoir et que les affaires de la bourgeoisie française prospèrent, l’État français s’accommode des pires dictatures.

Que la France se pose, encore aujourd’hui, en sauveur de l’Afrique est d’autant plus révoltant qu’elle contribue encore au pillage du continent. Si une partie de sa population est forcée de s’exiler, Total, qui pompe le pétrole du Congo et du Gabon, ou Bolloré, qui domine ses principaux ports et réseaux de transport, y vivent très bien. Et que deviendrait la prétendue indépendance énergétique de la France sans la possibilité donnée à Orano, ex-Areva, d’extraire l’uranium du Niger ?

L’époque du colonialisme est passée, mais l’Afrique continue à être vidée de son sang et de ses richesses. C’est cette réalité qui fait le lit du djihadisme et que défendent les troupes françaises de Barkhane et celles basées en Côte d’Ivoire, au Tchad ou à Djibouti.

Aujourd’hui, l’opposition multiplie ses critiques vis-à-vis de cette opération, et certains, dont le PCF et la France insoumise, demandent une discussion parlementaire pour envisager le retrait des troupes françaises du Sahel. Mais en 2013, lorsque le Parlement a eu à se prononcer sur l’entrée en guerre, pas une seule voix ne s’y est opposée.

Au déclenchement des guerres – ce fut le cas lors de la Première Guerre mondiale et de la guerre d’Algérie –, les partis gouvernementaux s’unissent dans un réflexe d’union sacrée pour défendre ce qu’ils considèrent être les « intérêts de la France ».
C’est à cela que les travailleurs peuvent reconnaître les partis dévoués à la bourgeoisie. Le camp des travailleurs est à l’opposé : contre la bourgeoisie impérialiste, avec les peuples pillés, affamés et dressés les uns contre les autres !

Bulletins d’entreprise du 22 février 2021

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