Seine-Saint-Denis : inégalités de vaccination24/02/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/02/2743.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Seine-Saint-Denis : inégalités de vaccination

Pour masquer la lenteur de la campagne vaccinale, le gouvernement avait décidé d’avancer au 18 janvier l’accès à la vaccination pour l’ensemble des plus de 75 ans. La volonté de donner le maximum de publicité à cette annonce l’emportant sur la nécessité de résorber les listes d’attente, les créneaux ont été mis en ligne sur les plateformes privées Doctolib, Maiia et Keldoc.

La liste des entreprises susceptibles de faire des profits grâce à l’épidémie s’en est trouvée allongée d’autant, sans régler en rien la pénurie de vaccins.

Les soignants des centres de vaccination de Seine-Saint-Denis, un département très populaire, se sont rapidement rendu compte que beaucoup parmi ceux qui étaient parvenus à obtenir un rendez-vous semblaient issus de milieux plus aisés que leurs patients habituels. Près de la moitié des personnes vaccinées habiteraient hors du département.

Plus encore, parmi les classes populaires, beaucoup de personnes âgées ne sont pas familières avec les démarches en ligne ou n’ont pas de bonne connexion Internet. Certains n’ont pas eu la possibilité de demander de l’aide à leur entourage, alors qu’il y avait encore des places libres.

Certains centres ont alors réorienté une partie de leurs disponibilités vers les personnes vulnérables signalées par les collectivités locales. Ces initiatives ont suscité la désapprobation du préfet qui, en bon petit soldat du gouvernement, a exigé qu’au moins 70 % des créneaux soient mis en ligne et a menacé de déterminer les attributions futures en fonction de la docilité des centres de soins.

Depuis, des soignants et des responsables de centres dénoncent ces pressions et les conséquences des choix gouvernementaux, mais un seul centre à Bobigny a été ouvert avec l’objectif d’essayer de réduire ces inégalités.

Il serait pourtant techniquement tout à fait possible de mobiliser les données de l’Assurance maladie et des services sociaux, ou d’envoyer des équipes dans les quartiers populaires pour organiser la vaccination. La Sécurité sociale sait déjà solliciter directement les personnes à risque lors des campagnes de vaccination contre la grippe, par exemple.

Une démarche à des années-lumière des préoccupations du gouvernement.

Partager