Grippe aviaire : encore une affaire de gros sous24/02/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/02/2743.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Grippe aviaire : encore une affaire de gros sous

Depuis l’automne dernier, les épidémiologistes vétérinaires ont identifié un nouvel épisode de propagation en Europe du virus de la grippe aviaire, le H5N8, connu sous le nom d’influenza. Si la Russie annonce avoir identifié sept cas de sa transmission à l’homme, aucun cas de transmission d’humain à humain ne s’est avéré pour l’instant.

Ce virus provoque chez les oiseaux des symptômes respiratoires et une forte mortalité. La principale mesure de lutte contre ce virus est actuellement l’abattage massif des cheptels infectés, essentiellement des canards.

Indépendamment des débats sur l’intérêt ou non du foie gras, une lutte intensive contre l’extension de cette maladie est nécessaire pour protéger les cheptels de canards et autres volailles, pour éviter les souffrances des animaux malades et pour éradiquer le réservoir de virus que constituent les fermes infectées. De plus, même si la probabilité de mutation reste limitée, ce virus est très proche du virus de la grippe frappant les humains, et d’éventuelles combinaisons de virus pourraient finir par produire un virus influenza dangereux pour eux.

Dans les Landes, grande région de production, où les fermes ont été concentrées à l’excès pour répondre aux besoins fluctuants du marché, près de trois millions de volailles d’élevage ont donc été éliminées début décembre 2020. Pourtant, après ce troisième épisode majeur d’épizootie depuis 2015, aucune autorisation vaccinale n’est encore à l’étude pour stopper la propagation à grande échelle favorisée par les migrations hivernales de nombreux d’oiseaux sauvages.

Cette aberration est le résultat d’une entente entre membres de la Commission européenne, qui acceptent d’interdire la vaccination afin de préserver les contrats faramineux passés par les acheteurs étrangers auprès des grosses entreprises de l’agroalimentaire. Dans l’import-export de volailles, les pays importateurs comme la Chine ou la Russie exigent que les viandes, les oiseaux vivants et les produits entrant sur leur territoire viennent de pays dits indemnes de grippe aviaire, et donc a fortiori de vaccination.

La vaccination représenterait un coût important, sur le long terme, à la charge de la filière. L’État intervient donc seulement par une politique d’abattage massif, quoi qu’il en coûte aux petits éleveurs, pour qui l’arrêt de la production et les frais d’exploitation liés au vide sanitaire pèsent très lourd, et aux travailleurs qui doivent s’en occuper. Les DDPP (Direction départementale de la protection des populations) organisent et supervisent les analyses, les mesures, les désinfections, les abattages et l’élimination des cadavres. Elles contrôlent le travail des équarrisseurs, des tâcherons qui euthanasient les bêtes, des employés d’abattoir réquisitionnés qui abattent sans relâche des canards et des poules depuis des semaines, nuit et jour, dans l’espoir d’éteindre la flambée de grippe.

Les gros volaillers, comme Doux, ou les industriels du foie gras, comme Delpeyrat ou Comtesse du Barry, peuvent dormir tranquilles, de même que, dans le Sud-Ouest, Maïsadour, grand groupe coopératif auquel appartiennent ces marques : l’abattage massif et le refus de vaccination sont le prix à payer pour le maintien de leurs profits !

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