Leur société

Cantines de Lyon : sans viande mais pas sans arrière-pensées

Pour, dit-il, fluidifier la circulation des enfants à la cantine et donc minimiser les contacts, le maire de Lyon a instauré deux semaines de menu unique, sans viande, mais pas sans œufs ni poisson. Alors que la municipalité précédente avait pris la même mesure il y a quelques mois, dans l’indifférence, il y a eu cette fois-ci un tollé général.

Des éleveurs de bovins sont venus promener leurs animaux devant la mairie et ont accusé l’édile lyonnais de mettre de l’idéologie végétarienne dans l’assiette des enfants. Ces propos ont été repris par divers ministres, jusqu’à l’inévitable Darmanin tonnant que « les menus sans viande excluent les classes populaires ». Les mêmes et d’autres encore moins reluisants ont doctement expliqué que certains enfants n’ont de vrai repas que lorsqu’ils mangent à la cantine. C’est vrai, et ils sont de plus en plus nombreux dans ce cas. Mais à qui la faute ?

Le gouvernement actuel comme ceux qui l’ont précédé sont responsables de l’appauvrissement des classes populaires et particulièrement du fait que les services publics, cantines scolaires comprises, pallient de moins en moins les difficultés sociales les plus criantes. La viande de qualité, c’est-à-dire autre chose que les bas morceaux des bêtes de batterie assaisonnés à la tonne par l’industrie agroalimentaire, est désormais hors de portée de bien des familles populaires. Leurs enfants ne peuvent en effet en manger que lorsque la cantine en propose. Mais les Darmanin et les Macron, les Sarkozy et les Hollande devraient s’abstenir de discuter du contenu de l’assiette des gamins des cités populaires alors qu’ils ont contribué à la vider, entre autres en laissant le patronat licencier à tout va !

L’exploitation politique éhontée du menu sans viande par le gouvernement et la droite ferait presque oublier la petite ficelle politique du maire de Lyon, Grégory Doucet. Il est certain que la cantine et la bousculade devant le self sont des occasions rêvées de transmission du virus. Le maire de Lyon, pas plus que le gouvernement, n’a pourtant jamais envisagé d’embaucher le personnel supplémentaire suffisant pour encadrer les élèves au moment des repas, comme lors des récréations, des déplacements etc. Il est allé au plus simple et au plus économique : faire un menu unique. Et, pour que tout le monde puisse manger, il fallait un menu sans viande, donc sans porc. Doucet pose ainsi au combattant contre le virus tout en flattant son électorat bobo végétarien et les familles pratiquantes juives et musulmanes.

Lyon, capitale de la gastronomie, aura ainsi créé une nouvelle recette : le soufflé politicien à la viande, sans viande.

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