Leur société

Aide médicale d’État : une politique de restrictions criminelle

Le 30 octobre dernier, le gouvernement signait un décret restreignant grandement l’Aide médicale d’État. Ces restrictions devaient s’appliquer au 1er janvier et au 17 février.

L’Aide médicale d’État a été créée en 1999 pour remplacer l’ancienne CMU (Couverture médicale universelle). Elle devait permettre à tout migrant, même en situation irrégulière, d’avoir accès gratuitement aux soins. Dans les faits, en 2019, seuls 50 % des migrants en bénéficiaient réellement. Mais depuis sa création, l’AME alimente les fantasmes de la droite et de l’extrême droite, qui dénoncent un prétendu tourisme médical et des dépenses inconsidérées. L’AME va coûter en 2021 moins d’un milliard d’euros, soit 0,5 % des 200 milliards de l’Assurance maladie.

C’est encore trop, aux yeux des xénophobes de tous bords, et le gouvernement s’est empressé de les satisfaire en allongeant le délai d’obtention de l’aide : le sans-papiers doit résider en France depuis au moins trois mois après l’expiration de son visa. Pour certaines interventions pourtant urgentes, telles l’opération de la cataracte ou de la hanche, il devra attendre neuf mois. En outre, alors que jusqu’à présent il pouvait déposer sa demande dans sa commune, auprès des services départementaux ou auprès d’associations, il devra lui-même l’apporter à la caisse d’assurance maladie, à l’hôpital ou à une permanence d’accès aux soins. L’hôpital débordé par la pandémie, les caisses d’assurance maladie croulant sous les dossiers seront bien en peine de s’occuper de ces nouvelles demandes.

Tout est ainsi fait pour empêcher les migrants d’avoir accès aux soins, au mépris de toute considération humanitaire et également au mépris de la santé publique.

La plupart des acteurs de la santé dénoncent ces nouvelles dispositions : refuser de soigner les migrants est criminel. Plus de 500 professionnels de santé affirment dans une tribune qu’en pleine pandémie, « il est pourtant plus que jamais évident que la santé est un bien commun, et que l’accès aux soins de toutes et de tous est la meilleure protection pour chacun ».

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