Sahel : Macron persiste dans une guerre sans issue17/02/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/02/2742.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Sahel : Macron persiste dans une guerre sans issue

Emmanuel Macron a annoncé au sommet du G5 Sahel le 16 février que l’effectif de la force Barkhane resterait le même : 5 100 hommes.

Devant la succession de victimes dans l’armée française, 57 morts depuis 2013, il avait évoqué un temps une réduction de ces effectifs, sans dire de combien ni à quelle échéance.

Cette réduction de la présence militaire française n’aura pas lieu dans l’immédiat, a précisé Macron en visioconférence aux chefs d’État africains qui s’étaient déplacés à N’Djamena, la capitale du Tchad. L’an dernier, il les avait convoqués à Pau, en les sommant de déclarer qu’ils avaient bien demandé l’intervention militaire française. Macron avait alors porté les effectifs de Barkhane de 4 500 à 5 100 hommes. Il lui faut bien dire aujourd’hui que cela a servi à quelque chose et que les soldats français tombés ne sont pas morts pour rien. « Nous avons réussi à obtenir de véritables résultats dans la zone des trois frontières », a-t-il déclaré, égrenant une fois de plus la liste des chefs djihadistes tués. Mais en quoi cela a-t-il amélioré la situation de la population ? En quoi cela a-t-il même porté un coup important aux milices djihadistes ?

Il y a aujourd’hui au Sahel deux millions de déplacés, quatre fois plus qu’il y a deux ans, estime le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR). Ils ont quitté leurs villages par peur des djihadistes, des armées malienne ou burkinabé, ou par crainte des violences intercommunautaires exacerbées par les pouvoirs en place. Quant aux djihadistes, non seulement ils ne rendent pas les armes, mais ils déclarent ouvertement que leurs prochains objectifs seront les pays voisins, Sénégal, Côte d’Ivoire, Ghana…

Pour sortir de cette impasse, l’armée française aimerait bien passer le relais aux soldats maliens ou burkinabé, mais cela reste un espoir toujours vain. Le simple fait que les militaires locaux réussissent à défendre leurs casernes est déjà considéré comme un exploit. Alors, de là à aller traquer les djihadistes ! Il est plus lucratif et infiniment moins dangereux pour les soldats de racketter la population, ou de vendre leur armement aux différents groupes armés. Le plus grand fait d’armes de l’armée malienne cette année a d’ailleurs été de renverser le gouvernement mis en place par la France et de s’arroger tous les pouvoirs.

Le seul renfort dont peut s’enorgueillir Macron est l’arrivée de 1 200 soldats tchadiens dans la zone des trois frontières. Mais, vu le comportement habituel de cette soldatesque vis-à-vis des populations, cela risque de fournir plus de nouvelles recrues aux djihadistes que les troupes tchadiennes ne pourront en éliminer.

L’armée française est aujourd’hui plus que jamais enlisée au Sahel, et les rodomontades de Macron peuvent de moins en moins donner le change. Les militaires français n’ont rien à faire dans ces pays qui puisse être positif pour leur population. Ils y protègent des régimes pourris et défendent uniquement les intérêts de l’impérialisme français. Hors d’Afrique les troupes françaises !

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