Nigeria : Shell, or noir et mains sales17/02/20212021Journal/medias/journalarticle/images/2021/02/P9-1_Shell_Nigeria_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C74%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Dans le monde

Nigeria : Shell, or noir et mains sales

Le 29 janvier, un tribunal néerlandais a reconnu la responsabilité de Shell dans la pollution de villages entiers au Nigeria et l’a condamné à financer les réparations nécessaires sur l’oléoduc, afin de limiter les fuites de pétrole. Le montant des indemnisations est reporté à plus tard.

Illustration - Shell, or noir  et mains sales

Il s’agit bien d’une victoire, treize ans après le début d’une procédure lancée en 2008 à la suite de la plainte de quatre paysans nigérians, soutenus par diverses associations. On peut malheureusement douter des suites concrètes pour la population de la région. Le groupe pétrolier anglo-néerlandais fait d’ailleurs l’objet d’une autre poursuite judiciaire concernant l’arrestation et la condamnation à mort de militants pacifistes qui s’étaient opposés à Shell et l’avaient obligé à se désengager du Sud du pays en 1993. Mais, l’année suivante, un coup d’État avait opportunément permis de réprimer cette contestation : les leaders de la résistance furent assassinés, emprisonnés, condamnés à mort... Et Shell put revenir reprendre l’exploitation des champs de pétrole.

Après des décennies de cette exploitation féroce, la région est ravagée : le manque d’entretien des oléoducs, les sabotages de groupes qui dénoncent la présence de la major, les fuites ont complètement détruit la faune et la flore, forçant les habitants à fuir.

En 2011, un rapport du Programme des Nations unies pour l’Environnement pointait déjà l’implication de Shell dans cette situation catastrophique. À peine 11 % des sites répertoriés ont commencé à être dépollués, par des entreprises dont ce n’est pas le métier. Personne ne sait ce qu’il est advenu des 31 millions de dollars alloués depuis 2018 pour ce programme. Shell étant présent dans les conseils d’administration des entreprises censées nettoyer les sites pollués, il n’est pas étonnant que rien n’avance.

Avec deux millions de barils exportés chaque jour, le Nigeria est le plus gros producteur de pétrole d’Afrique. Non seulement la population ne voit pas les retombées de cette manne, mais elle est au contraire victime de la soif d’or noir des entreprises comme Shell, qui ravagent des régions entières, en bénéficiant d’une impunité à peine troublée par le paiement de quelques amendes.

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