Portugal : l’épidémie fait rage

03 Février 2021

Près de 300 morts et de 1 000 contaminations par jour, pour à peine 10 millions d’habitants : le Portugal est désormais le pays d’Europe le plus violemment frappé par le Covid.

Le pays avait l’an passé relativement bien maîtrisé les premières attaques, grâce en particulier à un confinement précoce. Mais la période des fêtes de fin d’année a fait exploser la contagion, avec une prédominance du variant anglais du virus dans la région de Lisbonne et la vallée du Tage.

Le gouvernement a décrété le 15 janvier le confinement à domicile et la fermeture des commerces non essentiels, mesures prolongées jusqu’à la mi-février. Depuis le 21 janvier toutes les écoles sont fermées. Il est interdit de voyager à l’étranger, et de sortir de sa commune le week-end. Les liaisons ferroviaires avec l’Espagne et aériennes avec le Brésil et la Grande-Bretagne sont suspendues. Et le Premier ministre, Antonio Costa, annonce que le pire est à venir.

Quant au système hospitalier, il commence à craquer. Il a été mis à mal par les plans d’austérité successifs des années 2010-2016, sous l’autorité de la Troïka (Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international). On recrute des soignants à tout-va : médecins retraités, élèves infirmiers, diplômés étrangers… Les transferts de malades ont commencé vers les îles de Madère et des Açores, mais ces régions autonomes ont peu de capacités d’accueil. L’Autriche et l’Allemagne sont à présent sollicitées pour recevoir des malades et fournir matériel médical et soignants.

La crise sanitaire contribue à aggraver la crise économique. Le tourisme représente 17 % du produit intérieur brut (PIB), et la fermeture quasi totale des frontières le frappe au cœur. À Lisbonne et Porto, non seulement les habitants ne peuvent plus se loger en centre-ville, à cause des locations en Airbnb, mais ces locations elles-mêmes sont vides, faute de touristes.

L’État, comme en France, a développé le chômage partiel, les prêts garantis et les aides de trésorerie aux entreprises. Mais la fin des divers moratoires et aides risque de se traduire par une explosion des faillites, du chômage et de la misère. Le PIB a déjà chuté de 9,3 % en 2020. Une nouvelle crise de la dette menace, comme celle qui, il y a dix ans, avait plongé dans la misère et la faim chômeurs et retraités.

Vincent Gelas V. G.