Gaz : consommateurs et salariés sous pression

03 Février 2021

Le tarif réglementé du gaz fourni par les opérateurs historiques (Engie, ex-GDF-Suez et quelques sociétés locales) doit disparaître au 1er juillet 2023 pour les particuliers alors que c’est déjà le cas pour les professionnels depuis le 1er décembre 2020. Cela ne l’empêche d’ailleurs pas d’augmenter de 3,5 % au 1er février.

Ce tarif, qui concerne toujours 40 % des foyers, est révisé chaque mois. Il avait baissé jusqu’en août dernier et, depuis, est reparti chaque mois à la hausse. L’explication serait la vague de froid en Asie et le nombre d’impayés dus à l’aggravation de la crise.

Depuis l’ouverture à la concurrence de l’énergie, 18 fournisseurs de gaz, dont Total, ENI et EDF pour les plus gros, se disputent les clients, avec des offres parfois très alléchantes mais qui se révèlent plutôt trompeuses. L’approche de la fin des tarifs réglementés va renforcer la concurrence et ces pratiques. Engie, bien qu’opérateur historique, a déjà écopé d’une amende de 900 000 euros pour démarchage abusif en octobre 2019. Aujourd’hui, c’est ENI qui a été condamné à 315 000 euros d’amende.

Ces pratiques se retrouvent chez tous les fournisseurs. Les commerciaux laissent croire qu’ils sont des agents officiels chargés de consulter la consommation des clients et font mine d’offrir une baisse du tarif avec un abonnement qui, lui, revient plus cher. Les uns et les autres proposent des « offres vertes » qui, selon la Commission de la régulation de l’énergie, n’apportent aucune garantie que le fournisseur soit plus écologique.

Celle-ci demande de la transparence et édicte des règles.

Comme dans bien des domaines, la demande de transparence des règles n’est qu’un vœu pieux, sans poids face aux appétits des compagnies. Ceux qui en font les frais sont les consommateurs, perdus dans ces offres opaques, et les salariés de ces entreprises. Dans cette concurrence effrénée, elles réduisent le personnel, pèsent sur les salaires, les conditions de travail, voire délocalisent. Mais, une fois le partage achevé, le nombre de concurrents se réduira et le ou les groupes vainqueurs fixeront leurs prix au détriment des consommateurs.

Quant à la maîtrise de la consommation d’énergie face au réchauffement climatique, prétexte officiel de l’institution de la concurrence, elle est bien loin des préoccupations des opérateurs.

Inès Rabah