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Navalny et le “palais de Poutine”

Chef d’un régime de parasites et de nouveaux riches issus de la bureaucratie stalinienne, Poutine a le goût du luxe ostentatoire des parvenus.

Navalny et le “palais de Poutine”

On peut le voir dans les reportages qui le montrent présidant à des cérémonies officielles dans un Kremlin qui dégouline d’or, sur fond de décorations plus précieuses les unes que les autres.

Mais, s’agissant de son train de vie personnel, Poutine n’aurait jamais invité des caméras à filmer son palais de Guélendjik, sur la mer Noire. Or c’est précisément ce que montre, et dénonce, une vidéo qu’a mise sur Internet l’opposant Navalny. Visionnée 60 millions de fois en quelques jours, elle détaille par le menu sa propriété, grande comme 39 fois la principauté de Monaco, qui englobe un cap, un vignoble, deux héliports, des dépendances à n’en plus finir, un casino, et un immense château avec piscine et patinoire en sous-sol, un théâtre, plus une ribambelle de salles, dont une chambre de 260 mètres carrés pour le maître du lieu. Le tout pour une valeur estimée à 1,12 milliard d’euros.

Navalny avait déjà posté une vidéo sur les domaines somptueux en Toscane du compère et ancien Premier ministre de Poutine, Medvedev. Dans le rôle qu’il affecte de Monsieur anti-corruption, il démontre sans peine que Poutine n’aurait jamais pu s’offrir une telle propriété avec son seul salaire officiel, fût-il des centaines de fois plus élevé que celui d’un ouvrier ou d’une infirmière. En fait, le premier personnage de l’État russe agit à hauteur de ses immenses moyens comme tous les bureaucrates à leur niveau, eux qui pillent à tout-va les richesses du pays. Pour son palais, Poutine aurait ainsi détourné les fonds alloués à la construction d’un hôpital.

Cela a de quoi écœurer, révolter tous ceux qui voient comment concrètement s’enrichit le chef des « bandits au pouvoir ». Et ces faits dévoilés au grand jour ont sans aucun doute motivé bien plus de gens à manifester le 23 janvier que la demande de libération de Navalny.

Son incarcération est scandaleuse. Cependant lui-même ne se borne pas à dénoncer des faits scandaleux. Depuis des années qu’il est présent sur la scène politique, il apparaît de plus en plus clairement que, quand il en appelle à « la relève du pouvoir », c’est moins le régime avec toutes ses tares qu’il vise que ceux qui le dirigent. Et encore ! Il se dit même prêt à accepter de négocier avec eux un avenir confortable, s’ils consentaient à passer la main.

Tout en dénonçant leur corruption, Navalny, qui se fait le porte-parole de la petite et moyenne bourgeoisie très présente dans les grandes villes, promeut l’idée qu’il faudrait en Russie un régime capitaliste « honnête ». Et, même s’il n’avoue pas crûment qu’il veut substituer une forme de parasitisme à une autre, un certain nombre de travailleurs le sentent et peuvent manifester contre Poutine, sans pour autant adhérer aux idées de Navalny.

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