Leur société

Amiante : le combat sans fin des victimes

La chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris vient d’annuler le 20 janvier le non-lieu prononcé en 2018 dans l’un des dossiers de l’affaire de l’amiante.

La famille de deux ouvriers, morts du mésothéliome, un cancer spécifique à l’amiante, avait porté plainte contre l’entreprise Everite, une filiale du groupe Saint-Gobain où ils avaient travaillé de 1954 à 1991. Les juges d’instruction avaient conclu à un non-lieu, justifié selon eux par le fait qu’il serait impossible de déterminer une date de contamination et par conséquent impossible de mettre en cause quelque responsable que ce soit. Une telle décision revenait à empêcher toute poursuite venant de victimes de l’amiante.

La cour d’appel est revenue sur ce non-lieu en indiquant au contraire que, dans « toute la période d’exposition contribuant à la maladie et/ou décès », on peut rechercher la faute de tous ceux qui ont participé, chacun « à son échelle de responsabilité », à l’exposition des victimes. Elle a donc ordonné la reprise de l’enquête.

Cet arrêt permettra de relancer la procédure mais elle pourrait s’annoncer encore très longue. Dans un communiqué, le comité anti-amiante Jussieu et l’Association régionale des victimes de l’amiante (Ardeva) du Nord-Pas-de-Calais font cet avertissement : « Le parquet va probablement se pourvoir en cassation et repousser ainsi encore de quelques années la perspective d’un procès. (…) La stratégie de l’institution judiciaire est malheureusement claire : faire durer les choses le plus longtemps possible jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de responsables à juger. »

Face à ce rempart judiciaire et politique, qui n’a jamais cessé de protéger les patrons criminels, les victimes et leurs familles continuent de se battre. Comme le clament leurs banderoles dans les manifestations : « 100 000 morts ! Zéro responsable ? Nous n’accepterons jamais ! ».

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