Dans les entreprises

Iveco Bus – Annonay : les profits de la pandémie

À Annonay, en Ardèche, entre 1 300 et 1 700 travailleurs produisent des bus et des cars Iveco. Tout au long de l’année 2020, les patrons de l’entreprise ont utilisé l’ambiance créée par le Covid pour augmenter leurs profits malgré la crise économique.

À partir de mars, l’usine a été arrêtée sept semaines, prises sur les congés ou en chômage partiel, non pas pour raison sanitaire, mais à cause de problèmes d’approvisionnement de pièces venues de Chine et d’Italie. Le patron a ainsi fait payer ses frais par l’État, et surtout par les ouvriers, qui ont perdu une grande partie de leurs congés.

Progressivement, il a ensuite mis fin à toutes les missions d’intérim, alors que la production, elle, continuait à un rythme élevé.

Dans certains ateliers, les rythmes de travail ont atteint des sommets alors qu’il manquait du monde, certains travailleurs devant tenir deux postes. Là où la charge était plus réduite, la hiérarchie a imposé des mutations forcées. Elle a constamment soufflé le chaud et le froid pour entretenir un climat d’inquiétude et faire accepter une tension permanente qui a engendré de nombreux accidents, malaises, démissions.

Au total, en 2020, l’usine a produit 1 550 bus et cars, soit autant qu’en 2019 malgré les arrêts et la réduction des effectifs. En 2019, le groupe avait réalisé 1,5 milliard de bénéfices, soit 2 000 euros par salarié et par mois. En 2020, il a augmenté sa trésorerie de 3 milliards. Rien qu’en prenant sur ce magot produit par les ouvriers, il y aurait de quoi assurer un salaire décent à tous, intérimaires compris, durant toute l’année 2021. Malgré les discours du patron, pour lui, le Covid est une bonne affaire.

Fin décembre, après avoir fait des stocks, l’usine a de nouveau été arrêtée cinq semaines, les ouvriers étant obligés de poser dès le début janvier des congés de 2021. Le patron entretient le flou sur l’avenir, et parle à nouveau de chômage partiel pour le premier trimestre. La seule chose claire est que de nouvelles attaques se préparent.

Face à la dégradation des conditions de travail et malgré l’ambiance délétère entretenue par la hiérarchie, diverses réactions individuelles mais aussi quelques débrayages collectifs dans plusieurs ateliers ont eu lieu cette année. Cela conforte tous ceux qui pensent que, face à l’offensive du patron, il faut ignorer ses discours mensongers et se préparer à l’action collective.

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