Affaire Théo : pour que les choses soient claires20/01/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/01/2738.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Affaire Théo : pour que les choses soient claires

Deux des policiers qui ont agressé et blessé Théo Luhaka avec une matraque télescopique en février 2017 à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, sont passés devant le conseil de discipline de la préfecture de police de Paris.

Celle-ci vient de rendre son avis avec un blâme, une des sanctions les plus faibles de la fonction publique.

L’avis du conseil de discipline doit être validé ou non par la direction générale de la police nationale. Si le blâme est maintenu, il figurera au dossier de l’agent, sans que cela l’empêche d’exercer, même temporairement, et disparaîtra au bout de trois ans. L’un des deux agents concernés est celui qui a handicapé Théo à vie en provoquant une déchirure anale avec sa matraque.

La disproportion entre le crime et la proposition de sanction est telle que le préfet de Paris, Lallement, bien connu pour protéger les violences policières, s’est senti obligé de faire savoir qu’il jugeait celle-ci « un peu basse ». Mais il ne faut pas s’y tromper : même un Lallement peut tenir ces propos, pour tenter de sauver la façade démocratique de l’appareil d’État auprès de l’opinion publique, mais ce n’est pas un désaveu des policiers.

Cet avis est en réalité un message adressé à l’ensemble de l’appareil policier, qui en rappelle bien d’autres, tout aussi clairs. Ainsi, à l’époque des faits, l’IGPN (la police des polices) avait jugé le coup de matraque « disproportionné » mais « involontaire ». Plus récemment, en 2020, cette même instance a attaqué en justice, pour dénonciation calomnieuse, un brigadier-chef de Pau qui avait tenté de dénoncer des violences commises par ses collègues lors d’une interpellation, et la justice a désavoué l’IGPN. En fait celle-ci confirme aux policiers que, s’ils se comportent avec violence et arbitraire, elle fera son possible pour les couvrir.

Plus la crise s’aggravera, plus la police devra jouer son rôle répressif et anti-pauvres. Le racisme en est une des expressions, et les violences arbitraires un des moyens. Les cadres de la police et, au-delà, de l’appareil d’État le savent bien.

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