Lallement réécrit Trotsky06/01/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/01/2736.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Lallement réécrit Trotsky

Le préfet de police de Paris, Didier Lallement, a attiré l’attention en envoyant pour la nouvelle année une carte de vœux avec une citation de Trotsky.

Ce préfet est connu pour sa hargne contre les pauvres et tous ceux qui protestent. C’est lui qui a participé notamment à la répression contre les gilets jaunes, contre les manifestants lors du mouvement sur les retraites l’an dernier, ou encore celui contre les violences policières récemment.

Il s’est sans doute cru malin en citant ce passage qui évoque « l’ordre nécessaire », sans lequel « la faillite et le naufrage sont inévitables ». Il aurait mieux fait de regarder d’un peu plus près ses références.

Trotsky, en 1918, dirigeait la formation de l’Armée rouge, l’armée révolutionnaire, pour résister à l’offensive des armées blanches contre-révolutionnaires qui voulaient détruire le nouveau pouvoir basé sur les soviets d’ouvriers et de paysans en Russie. Il répondait dans ce texte à ceux qui pensaient que les bolcheviks ne parviendraient jamais à établir la discipline dans leurs rangs, formés d’ouvriers et de paysans. Pour ces gens-là, les ancêtres de Lallement, l’ordre ne peut être que le leur, celui du système capitaliste, qui se maintient uniquement par la contrainte. Trotsky expliquait au contraire : « Nous, nous voulons que le soldat lutte et combatte pour lui-même, que les ouvriers travaillent pour eux-mêmes, et c’est seulement à cet effet que nous voulons instaurer la discipline du travail. » Autrement dit, les ouvriers et les soldats devaient s’organiser pour établir en effet un nouvel ordre, celui de l’émancipation des travailleurs.

En voulant faire l’original, Lallement aura juste réussi à se rendre ridicule.

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