Leur société

Europe : traque, camps et barbelés pour les migrants

Les quelques images diffusées sur la traque sans fin des migrants par la police, à Calais comme dans les rues de Paris, sont révoltantes. Elles donnent un aperçu du sort enduré par des dizaines de milliers de femmes et d’hommes qui tentent de trouver un asile et un emploi dans la riche Europe.

Du fait des divers épisodes de confinement, du ralentissement des échanges et de l’aggravation de la crise économique en Afrique et au Moyen-Orient, la situation de tous ceux qui fuient la misère ou la guerre s’est fortement dégradée en 2020. Au Maghreb ou en Afrique de l’Ouest, des milliers de jeunes, privés des emplois liés au tourisme ou au commerce qui leur permettaient de faire vivre leur famille, sont prêts à prendre tous les risques pour rejoindre l’Europe. Au Liban, les quelque 1,5 million de Syriens qui avaient trouvé un refuge précaire dans ce pays aujourd’hui frappé par le chômage, l’inflation et les conséquences de l’explosion du port de Beyrouth, ont été plongés dans une misère noire : 90 % des réfugiés vivent désormais dans l’extrême précarité contre 55 % il y a un an. Le désespoir a conduit des familles, libanaises ou syriennes, à tenter de rejoindre Chypre dans des embarcations de fortune.

À toutes les étapes de leur périple, ces femmes et ces hommes se heurtent à des frontières hermétiques, des mers, des murs, des barbelés, gardés par les troupes suréquipées de Frontex, l’agence de l’UE, ou par les policiers de chaque pays traversé. Deux rapports récents, l’un réalisé par Migreurop, un réseau d’associations de soutien aux migrants, l’autre présenté par les députés européens de la GUE (Gauche unitaire européenne) montrent la barbarie des dirigeants de l’UE. Ceux qui survivent à des traversées périlleuses sont enfermés dans les « hot spots », des camps de triage saturés, comme en Grèce où 38 000 migrants s’entassent dans des camps prévus pour 6 000. La majorité d’entre eux sont refoulés et reconduits dans le dernier pays qu’ils ont traversé. Ainsi l’Espagne, pays où débarquent ceux qui fuient l’Afrique, a reconduit plus de 450 000 personnes l’an dernier. Les accords signés par l’UE permettent de refouler les demandeurs d’asile vers la Turquie ou l’Afghanistan.

Dans tous les pays, une multitude de lieux, zones frontalières, postes de douane ou de police ont été transformés en prisons. Le 23 décembre, près de Bihac, en Bosnie, pays qui sert de garde-frontières à l’UE, un camp où s’entassaient plus de 1 000 personnes a été fermé et incendié, laissant ces réfugiés actuellement sans abri dans le rude hiver des Balkans.

Ceux qui réussissent à entrer dans l’UE ne sont pas mieux traités. Les méthodes de la police à Paris ou à Calais en attestent. En Allemagne, le gouvernement a modifié la loi pour pouvoir mettre en prison les déboutés de leur demande d’asile. En Croatie, en Hongrie mais aussi en Italie, le Livre noir des députés de la GUE fait le récit de « violence impitoyable, sadique ou dégradante » exercée par la police et dénonce « des pratiques récurrentes de vol, d’enfermement, de violences, de tirs destinés à effrayer, d’attaques par des chiens, de signatures extorquées sur des documents non traduits, etc. ». Toutes les personnes interrogées répètent les mêmes mots : « Nous ne sommes pas des animaux ! »

En effet, ce sont des personnes à la recherche d’un lieu pour vivre et d’un emploi pour nourrir leur famille. Elles sont frères et sœurs de classe des travailleurs d’ici, confrontés aux mêmes exploiteurs, de part et d’autres des frontières et des mers, les Bolloré, Total, Lafarge et autres capitalistes qui pillent le monde. Leur combat est le nôtre.

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