Assange : pas extradé mais toujours pourchassé06/01/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/01/2736.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Assange : pas extradé mais toujours pourchassé

La justice britannique a décidé, pour des raisons de santé, de refuser la demande d’extradition vers les États-Unis du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange. La cellule qui lui est réservée là-bas dans une prison de haute sécurité et son procès pour espionnage, où il encourt 175 ans de prison, devront donc attendre.

Les États-Unis poursuivent Julian Assange depuis dix ans. Ils lui reprochent d’avoir diffusé 700 000 documents classifiés concernant les activités militaires et diplomatiques de la première puissance mondiale, notamment des informations sur ses exactions militaires en Irak et en Afghanistan. Ainsi, plusieurs vidéos diffusées par WikiLeaks montrent comment des hélicoptères américains y ont délibérément mitraillé des civils et des journalistes.

Si les États-Unis n’ont pas encore réussi à mettre la main sur Assange, ils lui font depuis 2010 chèrement payer la diffusion de ces documents. Suite à des accusations pour délits sexuels, qui ont été classées sans suite en 2017, Assange a été dès 2010 placé en liberté surveillée à Londres. En 2012, sous la menace d’une extradition, il s’est réfugié dans l’ambassade équatorienne. Il y est resté confiné pendant sept ans, surveillé en permanence par les services anglais et américains, menacé d’être interpellé sur le seuil et extradé. En 2019, le nouveau président équatorien, Lenin Moreno, lui a retiré la nationalité qu’il avait obtenue quelques mois auparavant de son prédécesseur, Rafael Correa. Sur invitation de l’ambassadeur équatorien, la police anglaise l’a alors arrêté dans l’enceinte du bâtiment et, bien que manifestement très malade, il a été écroué dans une prison de haute sécurité, avec le régime réservé aux terroristes. En février dernier, 117 médecins de 18 pays ont accusé le gouvernement britannique de tortures et de privations de soins pouvant entraîner sa mort.

Assange n’est pas le seul à subir cet acharnement. Ainsi Chelsea Manning, cette analyste militaire qui a fourni des documents à WikiLeaks, a été emprisonnée sept ans, graciée et de nouveau emprisonnée pour ne pas avoir voulu témoigner contre WikiLeaks. Face à des hommes et des femmes qui ont rompu le secret dont ont aussi besoin les États pour maintenir l’oppression sociale, la solidarité entre les plus puissants d’entre eux ne faiblit jamais.

Ainsi, si la justice britannique a décidé de ne pas extrader Assange, c’est seulement en fonction de sa santé mentale et du risque de suicide, la juge rejetant explicitement les considérations relatives à la liberté de la presse et d’expression et donnant raison sur le fond aux États-Unis. En Europe, depuis 2012, aucun pays n’a voulu lui accorder l’asile. En France, l’actuel ministre de la Justice, qui a déposé pour Assange une demande d’asile quand il n’était encore qu’avocat, s’est bien gardé de toute déclaration. Quant aux États-Unis, dont le futur président, Biden, avait dans le passé qualifié Assange de « terroriste high-tech », ils ont déjà annoncé qu’ils allaient faire appel de la décision de la justice britannique.

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