Dans le monde

Israël-Palestine : prisonniers inégaux face au coronavirus

Les prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes n’auront jusqu’à nouvel ordre pas droit au vaccin contre le coronavirus.

Telles sont les instructions du ministre Likoud de la Sécurité intérieure Amir Ohana, données le 26 décembre aux services pénitentiaires israéliens. Cette consigne concerne les prisonniers de haute sécurité, qui sont en fait tous des détenus politiques palestiniens, dont une grande partie est placée en détention administrative sur décision arbitraire des autorités israéliennes, c’est-à-dire sans inculpation ni jugement.

Cette décision discriminatoire vient s’ajouter au délai prévu par le gouvernement israélien pour la vaccination des habitants des territoires palestiniens. Or ceux-ci sont plus vulnérables ne serait-ce qu’en raison de la forte densité de population dans les villes cisjordaniennes, à Jérusalem-Est et à Gaza, qui dépendra aussi d’Israël pour la vaccination.

Pourtant, en termes de vulnérabilité, les prisonniers politiques palestiniens sont en première ligne, étant donné leurs conditions de détention, la promiscuité et leur état de santé fréquemment déficient, dénoncés par les familles et les ONG. La prison de Gilboa, au nord-est du pays, a d’ailleurs été fermée en raison de la propagation de l’infection parmi les détenus.

Le gouvernement se glorifie d’être en pointe dans la lutte anti-Covid, d’avoir été un des premiers à lancer la vaccination à grande échelle, à commencer par celle du Premier ministre. La manœuvre politique du ministre de la Sécurité intérieure apparaît encore plus clairement pour ce qu’elle est : un élément de la campagne de la droite au pouvoir dans un contexte électoral. La Knesset, le Parlement israélien, vient en effet d’être dissoute à la suite de l’éclatement de la coalition entre Netanyahou et Gantz, respectivement à la tête du Likoud et du parti Bleu-Blanc. Une nouvelle élection législative, la quatrième en deux ans, devrait donc avoir lieu en mars 2021. Pour ratisser en direction de l’extrême droite militariste, religieuse, raciste et pro-colonisation, la chasse aux voix les plus réactionnaires est donc ouverte.

Les Palestiniens en général et les prisonniers politiques en particulier en subiront les conséquences, alors que le gouvernement entame par ailleurs un troisième confinement pour tenter d’enrayer la circulation du virus. Cet épisode rappelle une fois de plus le scandale que constitue le maintien en détention des 4 400 prisonniers politiques palestiniens. Leur libération serait la première des nécessités !

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