Service civique : plus précaire et moins payé16/12/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/12/2733.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Service civique : plus précaire et moins payé

L’émission Cash Investigation diffusée jeudi 10 décembre a illustré comment le service civique est utilisé comme une nouvelle forme d’emploi précaire et sous-payé, ne permettant même pas d’obtenir l’ouverture de droits au chômage.

Un des jeunbes interviewés a effectué un service civique à Pôle emploi et y a rempli en fait les fonctions d’un conseiller en agence pour 580 euros net par mois, dont 473 euros payés par l’État. Son cas n’a certainement rien d’exceptionnel : en 2019, 5 000 personnes ont été recrutées avec ce statut à Pôle emploi, soit plus de 9 % des effectifs. De même, une journaliste ayant postulé pour un service civique dans une sous-préfecture a remplacé un fonctionnaire en arrêt maladie et un contractuel.

Créé en 2010 par Sarkozy et destiné aux jeunes de 16 à 25 ans – jusqu’à 30 ans pour les jeunes en situation de handicap – d’une durée d’au moins vingt-quatre heures par semaine pendant six à douze mois, le bénéfice du service civique était à l’origine exclusivement réservé aux associations. En 2015, Hollande a permis aux organismes publics d’y avoir recours, accélérant fortement son développement. En 2019, plus de 140 000 jeunes ont effectué un service civique.

Ses promoteurs présentaient ce dispositif comme un moyen de développer au sein de la jeunesse l’esprit d’engagement au profit de la collectivité et il n’était pas du tout question, assuraient-ils, qu’il serve à combler des postes vacants ou à remplacer des salariés absents. Cet engagement n’a bien sûr pas été respecté, d’autant que les contrôles sont quasiment inexistants. Alors que le gouvernement réduisait le financement des associations et supprimait des emplois dans toutes les administrations publiques, le service civique est apparu de plus en plus comme un moyen de pallier le manque de moyens et le sous-effectif.

L’exemple d’un recours à grande échelle à ce nouveau type d’emploi précaire a été donné par le gouvernement lui-même. Lors de son interview du 14 Juillet, Macron a annoncé la création de 100 000 places supplémentaires d’ici à la fin 2021, soit un quasi-doublement des bénéficiaires annuels. Le 1er décembre, la secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de l’Engagement, Sarah El Haïry, a annoncé le recrutement de 10 000 jeunes pour s’occuper des personnes âgées, dans les Ehpad ou dans le cadre de l’aide à domicile.

Au début de son quinquennat, Macron avait supprimé 150 000 emplois aidés, sous prétexte qu’ils ne débouchaient pas sur des emplois durables. Une façon révoltante de justifier un vaste plan de licenciements ! Mais comme ces dizaines de milliers de personnes remplissaient des fonctions indispensables dans de nombreuses collectivités publiques, le gouvernement va remplacer des emplois précaires, mais tout de même payés au smic horaire, par des emplois encore plus précaires et moins payés !

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