Nos lecteurs écrivent : Le film d’une intervention policière16/12/20202020Journal/medias/journalarticle/images/2020/12/P4-3_Courrier_lecteurs_stylo_COULEUR_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C152%2C527%2C448_crop_detail.jpg

Leur société

Nos lecteurs écrivent : Le film d’une intervention policière

Illustration - Le film d’une intervention policière

« Je suis infirmière DE. Depuis novembre 2018, j’interviens dans tous les types de manifestations afin de porter assistances aux personnes en péril (street-médic). Samedi 5 décembre, je me suis rendue à la manifestation avec mon amie déclarée, munie d’une attestation. Au rendez-vous porte des Lilas, nous avons été accostées par un policier.

Après nous avoir dit que les casquettes coquées que nous portions étaient interdites en manifestation, il nous a alors demandé de le suivre au niveau du camion pour un contrôle d’identité. Il nous a alors stipulé une interpellation pour port de ces casquettes et nous avons été embarquées dans le camion avec six autres manifestants, dont trois médics.

Le conducteur roule très vite, chaque coup de frein nous fait basculer en avant, sans aucune ceinture pour nous retenir. Personne ne se soucie de ce qui pourrait se passer dans le camion, un malaise aurait pu aussi bien passer inaperçu. Une personne émet le besoin d’uriner, personne ne l’écoute, et il finit par ne plus se retenir. Nous restons au total pendant deux heures dans cet espace clos, à huit avec ces odeurs d’urine.

Au commissariat de police, les personnes sortent par petits groupes. Nous nous retrouvons dans une cellule, dépossédés de nos effets, sans solution hydro­alcoolique ; les policiers, eux, portent des gants en nitrile. Nous demandons à aller aux toilettes, la réponse est toujours la même : « Pas avant d’avoir vu l’OPJ ! » (officier de police judiciaire).

Un agent vient me présenter à l’OPJ, qui me rappelle que je suis là car j’ai une casquette coquée. Il vide mon sac en discutant avec son collègue : « Tiens ! Pas mal les poches de froid pour le foot. » Je demande si je peux récupérer mon sac : c’est non.

Quand je peux enfin sortir munie de ma carte d’identité, je me sens humiliée, dégradée. J’apprendrai par la suite que la manifestation s’est très mal passée sans que ni moi ni trois autres médics n’aient pu faire leur travail. »

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