Masques : la commission d’enquête ne voulait pas déranger16/12/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/12/2733.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Masques : la commission d’enquête ne voulait pas déranger

Quand on veut enterrer un problème, on crée une commission. Fin juin, une commission d’enquête sénatoriale a donc été nommée sur la gestion de l’épidémie. Constituée d’élus de gauche comme de droite, on allait voir ce qu’on allait voir ! Or cette commission est tombée par mégarde sur quelque chose qu’on ne savait pas encore.

Dans des mails transmis par erreur aux sénateurs par la Direction générale de la santé, son directeur Jérôme Salomon demandait à faire modifier un rapport de l’agence prétendument indépendante Santé publique France. Ce rapport affirmait la nécessité de constituer un stock préventif d’un milliard de masques, un objectif jugé par Salomon contradictoire avec les décisions budgétaires prévues. Lors de sa publication à l’été 2019, le rapport ne contenait plus que l’idée d’un « besoin » d’un milliard de masques à couvrir en cas de pandémie, par des commandes sur le coup, par exemple.

Pendant la première partie de la pandémie, la diminution du stock de masques, tombé de plus de 700 millions de masques à environ 100 millions, avait entraîné une grave pénurie, même pour les soignants ou les Ehpad. Interrogé à ce propos, Salomon, pas gêné, s’était justifié en invoquant le rapport qu’il avait lui-même fait modifier quelques mois plus tôt.

Bien ennuyés de leur découverte et se mettant probablement à la place des autorités, les membres de la commission ont déclaré avoir d’abord envisagé de ne pas en tenir compte. Ils ont en tout cas décidé de ne pas transmettre l’affaire aux tribunaux car, comme le disait l’inflexible président LR de la commission Alain Milon, vaillamment soutenu par ses compères : la justice peut très bien « s’autosaisir », d’autant que, « dans la mesure où tout le monde le sait, il y aura bien une personne qui aura l’intention d’en savoir un peu plus ».

Pour cela comme pour le reste, mieux vaut ne pas s’en remettre à des parlementaires.

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