Accord ANI : le travail sans la santé16/12/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/12/2733.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Accord ANI : le travail sans la santé

Le 10 décembre, après six mois de négociations entre patronat et syndicats, un accord national interprofessionnel (ANI) sur la santé au travail a vu le jour. Il n’est pas encore acquis, les syndicats ayant jusqu’au 8 janvier pour le signer. Certains, CFDT, FO, CFE-CGC y sont favorables, d’autres sont plus mitigés et la CGT y est hostile.

Le Medef voit cet accord comme « novateur avec comme colonne vertébrale la prévention ». Les quelques éléments parus dans la presse expliquent assez clairement les raisons de cet éloge patronal.

L’ANI rappelle ainsi une jurisprudence indiquant qu’un employeur « peut être considéré comme ayant rempli ses obligations s’il a mis en œuvre des actions de prévention ». C’est une façon formelle de dédouaner le patronat de ses responsabilités, dénonce la CGT, évoquant la création d’un passeport attaché au salarié qui, après une formation, se verrait « responsable des conséquences de ses activités sur lui-même et sur les autres ». Elle dénonce également l’emploi de médecins généralistes pour pallier la pénurie de médecins du travail.

Que le patronat cherche à se décharger de ses responsabilités et à contourner les obligations imposées par la Sécurité sociale, les travailleurs le voient quotidiennement, ne serait-ce qu’en constatant la difficulté à récupérer les volets d’accidents du travail, à obtenir le matériel sanitaire ou les réparations indispensables en temps et en heure pour éviter les accidents. Quant à « la prévention de la désinsertion professionnelle », un chapitre nouveau paraît-il, on voit comment les patrons s’en soucient puisque chaque année, 80 000 salariés déclarés inaptes sont licenciés !

Ce genre de texte laborieusement élaboré sert à rappeler de grands principes… dont l’application est toujours entravée par les cadences, la masse de travail, les horaires à rallonge, l’organisation du travail auxquels les salariés ne peuvent résister que s’ils décident ensemble d’en fixer eux-mêmes les limites.

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