Dans les entreprises

Elior : un géant de la restauration d’entreprise dégraisse

Le confinement et le télétravail ont clairsemé les rangs des convives dans les restaurants d’entreprise. Les grandes entreprises du secteur, après avoir usé du chômage partiel autant qu’elles ont pu, passent maintenant aux plans de licenciements.

Le numéro un du secteur en France, Elior, lance un PSE (Plan de sauvegarde de l’emploi !) qui mettra au chômage 1 888 travailleurs, dont 335 dans sa filiale Arpège, qui nourrit les cadres. Le Covid-19 et la perte de 20 % du chiffre d’affaires 2020 sont un prétexte qui vient à point pour un groupe dont la rentabilité et le cours des actions baissent depuis cinq ans. Cependant, il est resté bénéficiaire jusqu’en 2019 et les dirigeants sont contents d’eux : le PDG a augmenté sa rémunération variable de 220 000 euros le 31 mars.

Les licenciements économiques sont annoncés sans les aménagements habituels tels que départs volontaires, mesures d’âge, aides à la reconversion. Chaque salarié de la restauration d’entreprise a reçu un courrier lui proposant un reclassement interne anticipé censé le préserver du licenciement. Il peut choisir trois postes vacants dans la liste proposée. En cas de candidature multiple sur un même poste, le choix sera fait selon des critères de compétence, d’âge et d’ancienneté. Si la période d’essai dans un nouveau poste n’est pas concluante, le salarié serait garanti de retrouver son ancien poste mais, en cas de mutation, il n’est prévu ni garantie de salaire ni garantie d’emploi.

Aux 6 500 travailleurs qui ont reçu le courrier, Elior propose 304 postes dits vacants, tous métiers confondus, saupoudrés sur la totalité du territoire. Une grosse proportion sont des CDI intermittents ou des CDD. Dans la seule grande couronne parisienne, Elior compte 504 travailleurs de la catégorie employés polycompétents de restauration ; 208 doivent être licenciés. On leur donne à choisir entre 54 postes, dont 32 à temps plein et 26 en CDI ; six sont en région parisienne.

Ainsi Elior cherche à mettre en concurrence et à diviser les travailleurs déjà éparpillés dans un grand nombre de sites, sans beaucoup de moyens de communiquer entre eux : c’est une sale cuisine.

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