Dette publique : la magie du parasitisme02/12/20202020Journal/medias/journalarticle/images/2020/12/P5-3_Dette_de_2000_milliards_ok_Lupo.jpeg.420x236_q85_box-0%2C176%2C442%2C424_crop_detail.jpg

Leur société

Dette publique : la magie du parasitisme

Depuis le début de la pandémie, les États ont dépensé sans compter pour garantir les profits des grandes entreprises capitalistes, assurer la continuité des échanges financiers .

Illustration - la magie du parasitisme

Tout cela en évitant une panique bancaire et, dans les pays les plus riches, amortir provisoirement et très partiellement le choc social en prenant en charge une partie des salaires ou en versant une allocation à une fraction des travailleurs.

« L’argent magique », celui qu’un Macron prétendait ne pas avoir pour financer la santé publique, jaillit donc par milliers de milliards d’euros, de yens et de dollars. Une partie de ces sommes sont des garanties, les États et les banques centrales assurant aux marchés, c’est-à-dire à l’ensemble des détenteurs de capitaux, que tel ou tel paiement aura bien lieu, l’argent public se substituant le cas échéant au débiteur privé défaillant. Une autre partie est effectivement déboursée par les États. Or ces derniers, depuis longtemps déjà, sont perpétuellement obligés d’emprunter pour boucler leur budget ordinaire, accumulant ainsi chacun une énorme dette publique. Cette dernière avait explosé en 2008, lorsque les fonds publics avaient sauvé la mise à la finance internationale. Elle a encore brusquement gonflé cette année. La dette de l’État français représente ainsi 120 % du produit intérieur brut, censé mesurer la richesse créée par le pays en un an, alors qu’elle en représentait 70 % en 2008 et 60 % en 2000.

L’État emprunte des capitaux en émettant des obligations, que les banques privées placent auprès du public, en prenant naturellement leur commission au passage. Les obligations sont acquises, en énormes paquets, par d’autres banques, des assurances, des institutions financières, des fonds de placements, etc. et commencent leur vie indépendante, passant de main en main sur les marchés financiers. À l’échéance, l’État émetteur rembourse son papier à celui qui le détient à ce moment-là, quel qu’il soit. L’État français, par exemple, arrive à « placer son papier », car les financiers estiment que le gouvernement en place sera capable de faire rentrer assez d’impôts, de rogner suffisamment sur ses autres budgets, pour dégager à chaque échéance de quoi payer la dette en espèces sonnantes.

Pour un groupe financier ou une grande entreprise, prêter à l’État permet de mettre à l’abri une partie de son capital, sans l’immobiliser puisque les obligations d’État se négocient tous les jours sur les marchés financiers. N’ayant pas confiance dans une hypothétique reprise de leur économie, les capitalistes prêtent à l’État l’argent avec lequel ce dernier leur fait des cadeaux. Ceux-ci leur servent alors pour se disputer à coups d’opérations financières les bénéfices tirés d’une économie en récession. La dette publique, l’argent magique, l’énorme gonflement de la quantité de capital en circulation sont ainsi à la fois la conséquence et le véhicule du parasitisme croissant de la classe possédante, organisé et garanti par les États eux-mêmes.

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