Leur société

‘‘Séparatisme’’ : une loi pour conforter les préjugés

Lorsque Macron avait annoncé son projet de loi aux Mureaux, le 2 octobre, il avait déclaré vouloir légiférer sur le séparatisme, désignant même explicitement un prétendu séparatisme musulman. Il a été ensuite question d’une loi sur la laïcité, pour finalement aboutir aujourd’hui à un texte « confortant les principes républicains ».

une loi pour conforter les préjugés

Le gouvernement a retiré ainsi ce qui montrait trop clairement que c’était les musulmans, ou ceux prétendus tels, qui étaient visés par le nouvel arsenal législatif. Mais celui-ci n’a fait que se durcir au fil des semaines.

Le gouvernement profite de l’émotion engendrée par la publication de vidéos haineuses à l’encontre de l’enseignant Samuel Paty suivies par son assassinat. Il prétend ainsi renforcer les sanctions pour la diffusion sur les réseaux sociaux d’informations permettant d’identifier et de mettre en danger une personne, pour prévoir des sanctions spécifiques lorsque les victimes en sont des agents de l’État ou des élus. Les enseignants seront-ils mieux protégés ? Rien n’est moins sûr. Par contre, bien des contestataires seront incités à y réfléchir à deux fois avant de publier une vidéo sur des policiers violents ou des élus corrompus.

Le projet de loi prévoit aussi de surveiller de près le financement des associations cultuelles. Une disposition dite anti-putsch est même prévue pour empêcher toute prise de contrôle d’une mosquée par des extrémistes, ou jugés tels.

En outre, pour mettre fin aux écoles islamistes clandestines, la scolarisation sera rendue obligatoire dès l’âge de 3 ans et le gouvernement veut attribuer un identifiant à chaque enfant, de manière à pouvoir vérifier s’il est bien inscrit à l’école, Darmanin assure vouloir ainsi « sauver ces enfants des griffes des islamistes. » C’est mensonger car, en réalité, seuls 50 000 enfants recevraient un enseignement hors des écoles, dont la majorité le feraient pour cause de maladie.

Macron et ses ministres jurent que ces mesures ne visent pas tous les musulmans, mais uniquement les islamistes radicaux. Ceux-ci existent, bien sûr, et des militants de l’islam politique cherchent aujourd’hui à étendre leur influence dans bien des quartiers populaires. Mais de telles mesures ne dissuaderont évidemment pas un jeune fanatisé de commettre des crimes au nom de sa religion. Par contre, dès aujourd’hui, la campagne du gouvernement et la loi qui en est issue contribuent à diviser un peu plus les classes populaires, entre les musulmans, suspectés d’être des suppôts du terrorisme, et les autres.

Pour les travailleurs, cette division constitue un danger mortel en risquant d’affaiblir leur capacité de lutte et de renforcer leurs pires ennemis : d’un côté, l’extrême droite fascisante dont les idées se trouvent ainsi confortées par le pouvoir et, de l’autre, les militants islamistes intégristes qui veulent apparaître comme les défenseurs de leur supposée communauté face à un pouvoir qui la stigmatise.

Plus que jamais, il est indispensable d’opposer à ces idées de division les idées de la lutte de classe et la nécessité pour tous les exploités, quelle que soit leur religion ou leur origine, de s’unir dans un même combat pour changer la société.

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