Céréales : spéculation et risque de famines25/11/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/11/2730.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Céréales : spéculation et risque de famines

Dans le contexte de la crise actuelle, la pénurie de denrées alimentaires et les risques de famines menacent déjà les pays pauvres.

En Algérie, au Maroc et en Égypte, la crainte de pénurie a entraîné une ruée sur les céréales. Les organisations des Nations unies se sont alarmées de la situation et ont essayé d’obtenir des pays producteurs qu’ils ne limitent pas trop leurs exportations pour éviter les pénuries. Mais les spéculateurs ont au contraire vu là l’opportunité de faire d’énormes bénéfices.

Le principe est vieux comme le commerce du blé. Dans les périodes de disette, les propriétaires de silos ou de greniers à blé ont toujours cherché à cacher leurs grains, en attendant que la pénurie soit générale, pour ensuite les revendre à prix d’or. C’est ce qui se passe aujourd’hui.

La Russie, premier producteur mondial de blé, dont les stocks sont très importants cette année, se prépare à annoncer la limitation de ses exportations à partir de janvier pour une durée de six mois. Le prétexte est que le pays a besoin de garantir sa sécurité alimentaire. Mais les spéculateurs veulent surtout contribuer à une pénurie mondiale pour faire monter les prix.

Au printemps dernier déjà, alors que de nombreux pays pauvres commençaient à constituer des stocks, la Russie avait accepté d’exporter sept millions de tonnes de blé jusqu’à la fin du mois de juin. Mais fin avril, elle a annoncé qu’elle avait déjà tout vendu. La presse a révélé que des spéculateurs russes s’étaient fait passer pour des acheteurs étrangers et en avaient acheté en deux jours trois millions de tonnes. En provoquant brutalement la fin de l’exportation du blé russe, ils ont créé artificiellement une pénurie à l’échelle internationale qui en a fait grimper en flèche le prix.

Il n’y a là qu’un exemple parmi bien d’autres. Depuis le mois d’avril, les prix de tous les produits agricoles ont augmenté en moyenne de 30 %. Désormais, la moindre annonce de mauvais temps pour l’agriculture – du temps sec en Europe ou des pluies diluviennes en Asie – fait encore monter les cours. Les denrées alimentaires sont un produit phare de la spéculation financière mondiale. Et on n’imagine pas les détenteurs de fonds se priver d’une spéculation pouvant apporter des bénéfices énormes et rapides même si cela signifie laisser mourir de faim des millions d’êtres humains.

Face à un tel phénomène, sous la pression des sans-culottes parisiens en armes, les Jacobins de 1793 avaient mis en place une loi du Maximum qui bloquait les prix des grains, en utilisant la force pour la faire respecter.

Aujourd’hui, pour imposer un tel contrôle à l’échelle internationale, il ne faudra rien de moins que le pouvoir des travailleurs, à la même échelle.

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