Dans le monde

Sénégal : la misère s’aggrave

Depuis le début de l’année, au moins 850 migrants quittant le Sénégal pour rejoindre les îles Canaries, territoire espagnol, sont morts, que ce soit dans des accidents, de déshydratation ou de faim sur leurs embarcations de fortune. Dans la seule semaine du 24 au 31 octobre, ils ont été 480 à laisser la vie dans la traversée.

Le numéro d’octobre du journal Le Pouvoir aux travailleurs, édité par nos camarades de l’Union africaine des travailleurs communistes internationalistes (UATCI-UCI), fait état de la misère qui s’aggrave au Sénégal et qui pousse les jeunes à tenter par n’importe quel moyen de rejoindre un pays d’Europe.

« Le 24 octobre, une embarcation de fortune transportant environ 200 passagers a fait naufrage au large de la ville de Saint-Louis, au Sénégal. Au moins 140 personnes sont mortes noyées. […] Cette embarcation avait quitté la ville de Mbour, située à 80 kilomètres de Dakar, et transportait clandestinement des migrants vers les îles Canaries. Mais un incendie s’est déclaré à bord et elle a chaviré.

Ce drame, un de plus, a provoqué une forte émotion au sein de la population sénégalaise, notamment lorsque certains rescapés ont apporté leurs témoignages et expliqué les raisons qui les ont poussés à prendre le risque de la traversée de l’océan dans une embarcation aussi dangereuse. Ils ont expliqué que c’est la misère qui les pousse à partir, car l’État sénégalais ne fait rien pour les aider, et que même quand ils essaient de survivre en faisant du petit commerce le long des rues, ils sont harcelés et pourchassés par les autorités.

Au lieu de les aider en aménageant des sites appropriés pour qu’ils puissent faire du petit commerce, les autorités locales confisquent leurs marchandises. Dans ces conditions, dit l’un d’entre eux, il préfère risquer la mort en tentant la traversée de la mer plutôt que de continuer à souffrir en restant au pays.

Si de plus en plus de personnes en détresse sont tentées de partir, c’est avant tout parce que la misère, loin de diminuer, ne fait que s’aggraver dans le pays. Le chômage frappe de plus en plus de jeunes en âge de travailler. Même ceux qui ont la chance d’avoir un petit travail n’arrivent pas à faire vivre leur famille, car les salaires sont très bas et le peu qu’ils gagnent est grignoté par la hausse incessante du coût de la vie. Le prix des denrées, des loyers, du transport, de même les dépenses liées à la scolarisation des enfants ne cessent d’augmenter, alors que les revenus des travailleurs, des petits paysans et des petits artisans ne suivent pas. C’est à ces problèmes-là qu’il faut apporter des réponses concrètes, et non se contenter de donner des leçons de morale aux victimes de la misère afin de les dissuader de partir.

Les représentants du pouvoir disent qu’il n’y a pas assez d’argent dans les caisses de l’État pour créer suffisamment d’emplois pour les jeunes chômeurs. Mais il en a trouvé assez pour former un nouveau gouvernement avec un nombre pléthorique de trente-trois ministres et de quatre secrétaires d’État lors du remaniement du 1er novembre. C’est une insulte de plus envers ceux qui croupissent dans la misère et qu’on abreuve de discours moralisateurs !

Le Sénégal est un pays pauvre qui, de surcroît, est frappé par la crise économique mondiale. Les richesses naturelles qu’il possède sont littéralement pillées par les grandes firmes capitalistes mondiales. C’est le cas par exemple de la pêche maritime, du pétrole ou du gaz naturel qui viennent d’être découverts au large des côtes, ou encore du phosphate. L’État sénégalais et la bourgeoisie locale prélèvent leur part dans ce pillage, mais la majorité de la population n’en profite pas. C’est ainsi que fonctionne cette société capitaliste, où une minorité de parasites amasse des fortunes au détriment du reste de l’humanité. »

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